La Guinée organise ce dimanche sa première élection présidentielle depuis le coup d’État de 2021, une étape majeure du retour à l’ordre constitutionnel. Environ 6,7 millions d’électeurs sont appelés aux urnes de 7h à 18h, heure locale.
Ce scrutin fait suite au référendum constitutionnel de septembre, qui a ouvert la voie au retour au pouvoir civil et autorisé la candidature du président de transition, le général Mamadi Doumbouya, 41 ans. Ancien commandant des forces spéciales, Doumbouya avait renversé Alpha Condé lors d’un coup d’État sans effusion de sang en septembre 2021. Il est largement donné favori.
Neuf candidats sont en lice, mais plusieurs figures historiques, dont Alpha Condé, Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, sont absentes. L’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté et l’ex-ministre Ousmane Kaba ont également été exclus. Face à eux, Doumbouya affronte des candidats moins connus ou disposant d’une faible capacité de mobilisation.
La nouvelle Constitution introduit des changements importants : mandat présidentiel de sept ans renouvelable une seule fois, critères d’âge et de résidence pour les candidats, possibilité pour les indépendants de se présenter et création d’un Parlement bicaméral. Ces réformes remplacent la Charte de la transition et permettent à Doumbouya et à certains membres du Conseil national de la transition de concourir.
Selon Aissatou Kanté, chercheuse à l’Institut d’études de sécurité, le président de transition bénéficie d’un avantage notable grâce à son image de “bâtisseur” et à son action visible au cours des dernières années. Le climat de campagne reste relativement calme, en partie en raison de l’absence de concurrence réelle, et la principale interrogation porte sur le taux de participation, clé pour la légitimité du futur président.
L’experte met en garde sur l’importance des réformes postélectorales dans la justice, la gouvernance et le développement socio-économique. Sans ces mesures, la Guinée risque de retomber dans un cycle de crises institutionnelles. Le dialogue postélectoral et la préparation d’élections législatives et locales transparentes et inclusives sont essentiels pour assurer une stabilité durable.
Enfin, la Guinée préserve sa souveraineté politique et adopte un pragmatisme géopolitique, équilibrant ses relations avec la France, la Chine, la Russie et la Türkiye, tout en consolidant sa position stratégique de grand producteur de bauxite et sa stabilité dans un contexte régional instable.



