Médecins Sans Frontières (MSF) alerte sur une propagation inquiétante de la rougeole dans la région du Darfour, au Soudan. Plus de 1 300 cas ont été enregistrés depuis septembre 2025 dans des structures de santé appuyées par l’organisation humanitaire, sur fond de conflit armé et d’effondrement des services de santé.
Dans un communiqué publié vendredi, MSF explique que les retards répétés dans le déploiement des campagnes de vaccination, combinés aux difficultés d’acheminement des vaccins, ont laissé de nombreux enfants sans protection. Cette situation favorise la circulation du virus dans une région déjà fragilisée par une grave crise humanitaire.
L’organisation souligne que, malgré des alertes récurrentes, les campagnes de vaccination d’urgence n’ont pas été lancées à temps et que les programmes de vaccination de routine restent largement paralysés. Les obstacles administratifs et bureaucratiques, ainsi que l’insécurité persistante, compliquent davantage la réponse sanitaire.
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre opposant l’armée régulière aux Forces de soutien rapide (FSR). Le conflit a provoqué des dizaines de milliers de morts et le déplacement d’environ 13 millions de personnes, tout en désorganisant profondément le système de santé, notamment dans des régions comme le Darfour.
MSF appelle les autorités soudanaises à lever sans délai les entraves au transport des vaccins à travers le Darfour. L’ONG exhorte également l’UNICEF à coordonner d’urgence l’intensification des livraisons de vaccins, de seringues et de matériels essentiels, et invite les ministères de la Santé, aux niveaux fédéral et régional, à relancer immédiatement les campagnes de vaccination contre la rougeole.
Selon Ahmed Fadel, coordinateur des urgences de MSF au Darfour, la rougeole est pourtant une maladie évitable. Mais la guerre, les lenteurs administratives et les retards de certains acteurs clés ont gravement limité les mécanismes de prévention. « Ces dysfonctionnements exposent les enfants à des maladies potentiellement mortelles », avertit-il.
La situation est d’autant plus préoccupante que la malnutrition est très répandue. À Zalingei et Nyala, plus d’un tiers des patients pris en charge souffrent de malnutrition aiguë, ce qui accroît les risques de complications sévères liées à la rougeole, comme la pneumonie ou l’encéphalite.
Parallèlement, les combats se sont intensifiés ces dernières semaines dans les États du Kordofan Nord, Ouest et Sud, entraînant de nouveaux déplacements de populations et accentuant la pression sur des infrastructures sanitaires déjà à bout de souffle.
