Les autorités américaines ont interdit l’accès aux États-Unis à cinq ressortissants européens, dont l’ancien commissaire européen Thierry Breton, accusés d’avoir exercé des pressions sur des plateformes comme Meta, X ou TikTok pour supprimer des contenus jugés problématiques, notamment sur le conflit Israël-Hamas. Washington considère ces actions, légales dans l’Union européenne, comme une atteinte à sa souveraineté et dénonce une « ingérence extraterritoriale » portant atteinte à la liberté d’expression.
Thierry Breton, artisan de la directive européenne sur les services numériques (DSA), a qualifié ces sanctions de « chasse aux sorcières » et rappelé que 90 % du Parlement européen et les 27 États membres avaient adopté cette législation. Il a dénoncé ce qu’il considère comme une incompréhension de la régulation européenne par les autorités américaines.
Parmi les autres personnes visées figurent quatre responsables d’ONG luttant contre la désinformation et la haine en ligne : Imran Ahmed (Center for Countering Digital Hate, Royaume-Uni), Clare Melford (Global Disinformation Index, Royaume-Uni), Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon (HateAid, Allemagne).
Emmanuel Macron a dénoncé ces mesures comme « intimidation et coercition » visant la souveraineté numérique européenne et réaffirmé l’engagement de la France à défendre son autonomie réglementaire. Jean-Noël Barrot a souligné que l’Europe ne saurait se voir imposer ses règles par des acteurs extérieurs.
La Commission européenne a demandé des « éclaircissements » à Washington et affirmé qu’elle défendrait rapidement l’autonomie réglementaire de l’UE. Le ministère espagnol des Affaires étrangères a également dénoncé des mesures « inacceptables entre partenaires et alliés ».
Cette décision s’inscrit dans la stratégie de l’administration Trump, qui conteste les régulations européennes imposant aux plateformes la modération de contenus jugés problématiques. Washington avait déjà vivement réagi à l’amende de 140 millions de dollars infligée à X début décembre, la qualifiant d’« attaque contre toutes les plateformes technologiques américaines et le peuple américain ».
Depuis février 2025, des responsables américains, dont le vice-président JD Vance et le secrétaire d’État Marco Rubio, ont mis en garde contre un recul de la liberté d’expression en Europe et annoncé des restrictions de visas pour les acteurs européens de la tech impliqués dans la modération de contenus. Le Réseau international de vérification des faits (IFCN), qui regroupe plus de 170 entités dont l’AFP, a exprimé sa « profonde préoccupation » face à ces mesures.



