Face aux interrogations suscitées par la création du Sénat, le Président de la République du Bénin a tenu à lever toute ambiguïté. Au cours d’une conférence de presse tenue à Cotonou, Patrice Talon a exposé la philosophie et les missions fondamentales de cette nouvelle institution, qu’il présente comme un pilier d’équilibre et de stabilité démocratique.
La première mission assignée au Sénat concerne la gestion des situations de blocage entre l’exécutif et le législatif. Dans le système institutionnel béninois, un conflit peut naître lorsque le chef de l’État sollicite une seconde lecture d’une loi et que l’Assemblée nationale confirme son vote initial. Dans ce cas précis, le Sénat intervient comme une instance d’arbitrage. Sans voter ni modifier la loi, il examine les positions en présence et indique celle qui répond le mieux à l’intérêt général, afin d’éviter les crises institutionnelles qui ont fragilisé la gouvernance par le passé.
La deuxième mission porte sur l’accompagnement du travail législatif. Composé de personnalités expérimentées, le Sénat peut demander une relecture d’un texte lorsqu’il estime que certaines dispositions sont inadaptées ou contraires à l’intérêt national. Toutefois, il ne dispose d’aucun pouvoir législatif direct. Si, après réexamen, l’Assemblée nationale maintient sa position, sa décision prévaut. Le Sénat se limite ainsi à un rôle consultatif, fidèle à sa vocation de modération et de conseil.
La troisième mission, jugée essentielle par le chef de l’État, concerne l’apaisement de la vie politique. Patrice Talon estime que le Bénin a besoin d’un organe capable d’interpeller les acteurs politiques lorsque leurs propos ou comportements, sans relever du pénal, menacent la cohésion nationale ou la paix sociale. Le Sénat est appelé à jouer ce rôle de conseil des sages, en rappelant à la retenue et à la responsabilité ceux dont l’influence peut provoquer des tensions graves au sein de la société.
Pour le président de la République, le Sénat doit être perçu comme une institution de long terme. Il s’inscrit dans une logique de maturité démocratique, avec pour objectif de renforcer la stabilité politique, prévenir les crises et servir l’intérêt général, au-delà des clivages partisans et des enjeux immédiats.





