La pollution atmosphérique atteint un niveau préoccupant à Hanoï. Face à cette situation, les autorités municipales ont engagé une série de mesures immédiates, allant du renforcement des contrôles environnementaux au durcissement des règles encadrant les chantiers de construction, en passant par une surveillance accrue de l’incinération des déchets et une révision obligatoire des émissions industrielles.
Ces actions d’urgence s’inscrivent dans une stratégie plus large. À moyen et long terme, la capitale vietnamienne prévoit la mise en place progressive de zones à faibles émissions. Des restrictions visant les véhicules les plus polluants sont déjà expérimentées sur le périphérique numéro 1. En parallèle, la ville accélère la transition vers des transports plus propres, avec l’électrification progressive des bus et des taxis, objectif fixé à l’horizon 2030.
Ces derniers jours, Hanoï a été recouverte d’un épais smog mêlant fumées et particules fines. L’indice de qualité de l’air a dépassé à plusieurs reprises le seuil qualifié de très mauvais, plaçant parfois la capitale parmi les villes les plus polluées de la planète. Les stations de surveillance ont relevé des concentrations de particules PM2,5 largement supérieures aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.
Pour les spécialistes de l’environnement, cette dégradation ne relève pas d’un épisode isolé. Elle résulte d’une urbanisation rapide et mal maîtrisée, d’un suivi insuffisant des émissions polluantes et d’un recours massif aux véhicules individuels. Le professeur agrégé Hoàng Anh Lê, directeur du département de gestion environnementale de l’Université nationale de Hanoï, alerte sur les conséquences sanitaires directes de cette situation. Selon lui, l’indice de qualité de l’air reflète sans ambiguïté le niveau de pollution, et les valeurs actuelles constituent un danger réel pour la population.
Il rappelle que la respiration est un besoin vital immédiat. Pourtant, parce que l’air n’a pas de coût direct, les risques liés à sa pollution sont souvent minimisés. Les impacts dépassent cependant la seule question de la santé publique. Ils touchent aussi l’économie et la cohésion sociale, avec des effets sur le tourisme, l’agriculture et la productivité globale, générant des pertes financières considérables.
À Hanoï, la période la plus critique s’étend généralement d’octobre à février ou mars. Durant ces mois, la qualité de l’air atteint régulièrement ses niveaux les plus bas. Les pics de pollution se concentrent surtout tôt le matin, entre 5 heures et 8 heures, puis en fin d’après-midi, entre 17 heures et 19 heures. Une hausse est également observée après 21 heures et autour de minuit, en raison de la poursuite des activités industrielles et de l’augmentation du trafic des camions et véhicules de transport lourd autorisés à circuler de nuit.
Les sources de pollution identifiées sont multiples. Le trafic routier reste l’un des principaux facteurs, aux côtés des activités industrielles et artisanales des villages de métiers, du brûlage à l’air libre de déchets agricoles et ménagers, ainsi que des chantiers de construction générateurs de poussières. À cela s’ajoutent des polluants transportés depuis d’autres régions, notamment pendant l’installation de la mousson du nord-est.
Malgré l’existence d’un cadre réglementaire jugé relativement complet, les capacités de gestion et de contrôle des agences environnementales demeurent limitées. Selon les experts, l’application insuffisante des textes explique la persistance du phénomène d’une année à l’autre.
Les expériences internationales montrent que la réduction durable des particules fines passe par une combinaison de mesures. La transition vers les véhicules électriques pour les transports publics et les taxis, associée à la création de zones à faibles émissions en centre-ville, figure parmi les solutions les plus efficaces. Ces politiques doivent être accompagnées d’incitations financières, d’investissements dans les infrastructures de recharge, de contrôles renforcés des véhicules anciens et d’une gestion plus stricte des chantiers.
Pour de nombreux spécialistes, la réponse actuelle reste en deçà de l’urgence. Ils appellent à un renforcement immédiat de la surveillance environnementale afin d’identifier précisément les sources de pollution. Le recours aux technologies d’intelligence artificielle pour l’alerte et la prévision est également présenté comme un levier essentiel pour moderniser la gestion de la qualité de l’air.
Enfin, les autorités sont invitées à intensifier les inspections et à appliquer les sanctions de manière plus rigoureuse. Une attention particulière doit être portée aux populations les plus vulnérables, notamment les personnes âgées et les jeunes enfants, directement exposés aux effets de la pollution atmosphérique.




