Mercosur : Paris et Rome bloquent l’UE, Lula fixe un ultimatum

 

 

L’Italie a rejoint la France pour demander un report de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, mettant en péril la signature prévue par Ursula von der Leyen cette semaine et provoquant la colère du Brésil.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a jugé toute signature imminente « prématurée » et demandé des garanties supplémentaires pour le secteur agricole, estimant qu’elles pourraient être réunies début 2026. Cette position constitue un revers pour la Commission européenne, qui souhaitait conclure le traité avant la fin de l’année pour préserver la crédibilité de l’UE et satisfaire ses partenaires latino-américains.

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a lancé un ultimatum : « Si nous ne signons pas maintenant, le Brésil n’approuvera plus l’accord tant que je serai président. Nous avons déjà cédé sur tout ce qui était possible diplomatiquement ».

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l’Italie peut former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, empêchant l’examen du traité cette semaine. De son côté, l’Allemagne, par la voix du chancelier Friedrich Merz, appelle à ne pas retarder le processus. Emmanuel Macron a averti que la France s’opposerait fermement à un « passage en force ».

La signature devait intervenir lors du sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, au Brésil. L’accord permettrait à l’UE d’exporter plus de véhicules, machines et produits viticoles, tout en ouvrant le marché européen à la viande, au sucre, au soja et à d’autres produits sud-américains, ce qui inquiète fortement les agriculteurs européens. Ces derniers prévoient de manifester à Bruxelles, jeudi 18 décembre, pour protester contre le traité.

Pour apaiser les inquiétudes, l’UE a renforcé les mesures de protection pour les produits agricoles sensibles et prévu une intervention en cas de perturbation du marché. Un compromis entre eurodéputés et États membres a été trouvé, offrant plus de garanties qu’en novembre mais moins que la position initiale du Parlement européen, ce qui pourrait rester insuffisant pour la France.

Le bras de fer Paris-Bruxelles s’inscrit dans un contexte de forte mobilisation agricole en France, notamment contre la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse, et laisse craindre que la France ne cherche pas seulement à reporter, mais à faire échouer le traité après plus de 25 ans de négociations.

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