RDC : l’AFC/M23 annonce un retrait unilatéral d’Uvira sous pression américaine, mais pose des conditions

 

La coalition politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a annoncé lundi 15 décembre son retrait unilatéral de la ville d’Uvira, dans l’est de la RDC, affirmant répondre à une demande de la médiation américaine et soutenir les efforts de paix en cours. Le communiqué, signé par Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC/M23, évoque une décision prise malgré les « provocations et abus » des Forces armées congolaises (FARDC) et leurs alliés.

Le M23, soutenu par le Rwanda selon l’ONU, avait pris Uvira le 10 décembre après une offensive lancée dans le Sud-Kivu, malgré l’accord de paix récemment signé entre Kinshasa et Kigali à Washington. Uvira, située sur les rives du lac Tanganyika à la frontière burundaise, occupe une position stratégique dans cette région instable.

L’AFC/M23 présente son retrait comme une « mesure de confiance » pour favoriser une solution durable au conflit. Le mouvement demande la mise en place de mécanismes de gestion de la ville, incluant sa démilitarisation, la protection des civils et des infrastructures, ainsi qu’un contrôle du cessez-le-feu par une force neutre.

L’annonce survient alors que les États-Unis renforcent la pression sur le Rwanda. Après la prise d’Uvira, l’ambassadeur américain à l’ONU, Mike Waltz, a accusé Kigali de « mener la région vers plus d’instabilité et vers la guerre », et le secrétaire d’État Marco Rubio a affirmé que le Rwanda violait l’accord de paix de Washington. L’ambassadrice américaine en RDC, Lucy Tamlyn, a indiqué que Washington examinait « tous les outils à sa disposition, y compris des sanctions », pour garantir le respect des engagements pris.

Mardi matin, aucun retrait concret n’avait encore été observé sur le terrain, selon des témoignages recueillis auprès des habitants. Kigali n’a pas réagi officiellement mais nie tout soutien militaire au M23, affirmant que la principale menace régionale reste les FDLR et que le M23 constitue un « problème congolais » lié à la gouvernance et aux discriminations envers les Tutsi congolais. Le Rwanda reproche également à Kinshasa de ne pas avoir démobilisé les FDLR, compromettant selon lui sa sécurité nationale.

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