L’Alliance des États du Sahel s’apprête à franchir une étape décisive. Dix-huit mois après sa création, la Confédération veut transformer ses annonces politiques en dispositifs opérationnels. Bamako accueillera du 22 au 23 décembre la deuxième session des Chefs d’État, un rendez-vous crucial destiné à préciser l’architecture institutionnelle et les priorités stratégiques de l’alliance.
Réuni le 4 décembre, le Comité de pilotage du Comité national AES a dressé un état des lieux des préparatifs. La séquence à venir doit clarifier les priorités politiques, sécuritaires et économiques sur lesquelles reposera la Confédération. Cette étape est présentée comme essentielle pour une structure encore récente qui cherche à bâtir des repères institutionnels solides.
Depuis l’adoption du traité fondateur, l’AES a dévoilé plusieurs symboles : un drapeau, une devise et un passeport commun présenté à Niamey. Si ces marqueurs existent désormais, leur déploiement à grande échelle reste en cours de structuration. À l’inverse, des projets phares comme la force conjointe de cinq mille hommes ou la future Banque d’investissement n’ont pas encore quitté le stade conceptuel. Ce décalage illustre les ambitions de la Confédération, mais aussi la complexité des défis à relever pour stabiliser une architecture confédérale autonome.
Le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga insiste sur l’importance de réussir ces travaux préparatoires pour renforcer la crédibilité de l’alliance. Il rappelle que la mise en œuvre de la Feuille de route de l’An I doit rester cohérente autour de trois piliers : défense, diplomatie et développement. Les ministres des trois pays sont attendus à Bamako les 20 et 21 décembre pour finaliser les textes destinés aux Chefs d’État, après un travail technique conduit en amont par les hauts fonctionnaires.
Ce sommet intervient à un moment où les États membres cherchent à consolider leur autonomie politique et à affirmer leur visibilité diplomatique après leur retrait de la Cédéao. Pour de nombreux observateurs, l’AES est désormais évaluée sur sa capacité à passer de l’annonce à la construction institutionnelle. Les discussions de Bamako devront préciser les mécanismes de coopération militaire, les modalités de coordination diplomatique et les projets économiques communs, notamment ceux liés au financement des infrastructures et au développement régional.
Avec cette rencontre, Bamako devient l’épicentre d’une Confédération en quête de stabilité et de crédibilité. Les décisions attendues permettront de mesurer l’avancement réel de l’AES et d’évaluer sa capacité à se doter d’institutions pérennes dans un espace sahélien confronté à l’insécurité et aux pressions politiques. Les mois à venir diront si les ambitions affichées pourront se transformer en réalités structurelles.



