
Hong Kong lance une enquête indépendante dirigée par un juge pour déterminer les causes de l’incendie qui a tué au moins 151 personnes au complexe résidentiel Wang Fuk Court. Les autorités veulent aussi réexaminer la supervision des travaux de rénovation accusés d’avoir alimenté la propagation rapide du feu.
La police a arrêté 13 personnes pour suspicion d’homicide involontaire et 12 autres dans une affaire de corruption liée au chantier. Les enquêteurs n’ont pas précisé si certains suspects apparaissent dans les deux dossiers. Selon les premiers éléments, des filets plastiques et une mousse isolante non conformes auraient accéléré l’embrasement de sept immeubles abritant plus de 4 000 résidents.

John Lee, chef de l’exécutif, affirme que la ville doit comprendre ce qui a provoqué l’incendie et pourquoi les flammes se sont propagées si vite. Les équipes ont fouillé cinq des sept tours calcinées et retrouvé des corps dans les cages d’escalier et sur des toits, preuve que plusieurs habitants se sont retrouvés piégés. Une trentaine de personnes restent portées disparues.
Des groupes de défense des droits dénoncent un manque de transparence et des pressions visant à faire taire les critiques. La police a interpellé un étudiant, libéré sous caution, et enquête sur deux autres personnes pour sédition. Lee prévient qu’il sanctionnera ceux qui, selon lui, exploitent la tragédie, une position critiquée par des ONG, dont Human Rights Watch, qui appellent les autorités à respecter la liberté d’expression.

Les services de sécurité chinois ont aussi mis en garde contre toute tentative d’utiliser le drame pour raviver les tensions politiques de 2019. Malgré le choc national, les élections législatives prévues dimanche sont maintenues. La participation pourrait refléter le niveau de colère de la population sur la gestion de la catastrophe, alors que seuls les candidats approuvés comme « patriotes » sont autorisés à se présenter.
Les habitants de Wang Fuk Court avaient signalé des risques d’incendie en 2024, notamment la possible inflammabilité des filets couvrant les échafaudages. Les autorités leur avaient alors répondu que la zone présentait un risque « relativement faible ». Les premières analyses montrent pourtant que plusieurs matériaux ne respectaient pas les normes anti-feu, et que certains éléments avaient été installés dans des zones difficiles d’accès, échappant aux inspecteurs. Les alarmes incendie du complexe ne fonctionnaient pas correctement.

Le bilan inclut au moins neuf employées domestiques indonésiennes et une Philippine. Des veillées sont prévues à Hong Kong, mais aussi à Tokyo, Taipei et Londres. Les sauveteurs ont retrouvé plus de 60 animaux de compagnie morts dans les décombres, tandis que plus de 200 ont pu être secourus.
La recherche des victimes continue dans les deux immeubles les plus endommagés, une opération qui pourrait durer plusieurs semaines. Près de 1 500 sinistrés ont déjà quitté les centres d’évacuation pour des logements temporaires. En parallèle, 945 autres personnes ont été relogées dans des foyers de jeunes et des hôtels. Les autorités accordent une aide d’urgence de 10 000 dollars hongkongais par foyer et facilitent la réédition des documents d’identité perdus dans la catastrophe.



