Le pape Léon XIV est arrivé dimanche 30 novembre à Beyrouth avec un message centré sur la paix, l’espérance et l’unité. Face à un pays éprouvé par une crise économique persistante et inquiet d’une possible reprise des hostilités avec Israël, il a exhorté les Libanais à ne pas quitter leur pays et à renouer avec la réconciliation.
Le Liban constitue la deuxième étape de son premier voyage à l’étranger, après une visite en Turquie consacrée au dialogue chrétien. Accueilli au palais présidentiel, Léon XIV a invité les Libanais à « rester » malgré l’effondrement économique déclenché en 2019, qui alimente une vague d’émigration sans précédent. Il a insisté sur la nécessité de reconstruire la confiance dans les institutions, appelant les responsables politiques à servir l’ensemble de la population et à privilégier le bien commun.
Le souverain pontife a déploré la fuite continue des jeunes, qualifiant ce phénomène « d’hémorragie » pour un pays déjà fragilisé. Selon le centre de recherche indépendant al-Doualiya, près de 800 000 Libanais ont quitté leur pays entre 2012 et 2024. Le pays compte aujourd’hui environ 5,8 millions d’habitants, dont plus d’un million de réfugiés syriens.
La visite du pape, d’une durée de 48 heures, suscite un élan de ferveur nationale. Le gouvernement a déclaré deux jours fériés, et le chef de l’Église catholique a été reçu avec les honneurs : escorte aérienne, salves de canon, chants traditionnels et affluence populaire malgré une pluie battante.
Sur la route de l’aéroport, des milliers de personnes se sont massées pour le saluer, y compris dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah. Le secteur avait été frappé la semaine précédente par une attaque israélienne ayant coûté la vie au nouveau commandant militaire du mouvement chiite. Malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an, Israël a intensifié récemment ses frappes au Liban.
De son côté, le Hezbollah avait appelé le pape à condamner « l’injustice et l’agression » israéliennes.
Léon XIV est le premier pape à se rendre au Liban depuis la visite de Benoît XVI en 2012. Dans un pays où la communauté chrétienne a fortement décliné sous l’effet de l’émigration, sa venue revêt une forte portée symbolique.
Le président Joseph Aoun a souligné devant lui l’importance de préserver le Liban comme « modèle unique » de coexistence entre chrétiens et musulmans dans la région, avertissant que la disparition de cet équilibre serait une perte irréparable.
Avant son arrivée à Beyrouth, le pape avait achevé sa visite en Turquie par une cérémonie solennelle à la cathédrale orthodoxe Saint-Georges d’Istanbul. Pour ce premier déplacement international, Léon XIV adopte une ligne prudente : éviter d’alimenter les tensions politiques, tout en martelant ses messages sur l’unité, la paix et le respect de la diversité religieuse.




