Paris : les cinémas indépendants se réinventent pour éviter la disparition

 

À Paris, plusieurs cinémas indépendants choisissent d’innover pour continuer d’exister. La baisse progressive de la fréquentation pousse les exploitants à ouvrir de nouvelles salles, à repenser leur modèle et à diversifier leurs activités. Beaucoup parlent d’un combat “militant” pour maintenir la culture vivante dans la capitale.

Paris demeure la ville la mieux dotée au monde avec près de 80 salles obscures, mais plusieurs adresses iconiques ont disparu ces dernières années. Sur les Champs-Élysées, où les cinéphiles affluaient encore massivement il y a dix ans, un seul cinéma reste ouvert. Les autres ont cédé la place aux boutiques de luxe. Les chiffres illustrent le déclin : 1,9 million d’entrées en 2014, contre seulement 133.000 aujourd’hui, selon Mission Cinéma.

L’Élysées Lincoln, situé dans une rue adjacente, a connu la même érosion de public. Ses propriétaires, Louis et Samuel Merle, ont envisagé toutes les options, y compris la fermeture. Ils ont finalement décidé de maintenir l’activité, mais en modifiant entièrement le fonctionnement du lieu. Leur solution : créer un espace modulable capable de passer d’une salle de cinéma à une salle de réception en une heure, avec une capacité d’accueil de 200 personnes. Le projet s’accompagne de rénovations haut de gamme pour coller à l’image du quartier et se positionner sur un segment “premium”.

L’investissement atteint 2,3 millions d’euros. Plusieurs institutions publiques ont soutenu l’initiative, jugeant indispensable de préserver une offre culturelle sur l’avenue la plus célèbre de Paris. Ce repositionnement s’inscrit dans une tendance nationale : proposer un confort supérieur pour convaincre un public devenu plus rare.

Selon la FNCF, la France enregistre une baisse de fréquentation de l’ordre de 15% en 2025 par rapport à l’année précédente, retrouvant un niveau équivalent à celui du début des années 2000. Paris s’en sort mieux avec une moyenne de 8,03 entrées annuelles par habitant, contre 2,73 dans le reste du pays.

D’autres salles choisissent d’agrandir leur capacité malgré la conjoncture. Le Brady, dans le 10e arrondissement, ajoute une nouvelle salle de 34 places. Son gérant, Fabien Houi, espère franchir le cap des 100.000 entrées annuelles. Il mise sur la créativité et l’adaptation pour rester présent dans un secteur de plus en plus concurrencé.

Le Grand Action, au cœur du Quartier latin, est souvent cité en exemple. L’ouverture de sa petite salle de 27 places en 2022 lui a permis de multiplier les sorties de films et d’augmenter fortement la fréquentation, tout en continuant à défendre le cinéma d’auteur.

 

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