JMVFF : « vous n’êtes pas le segment vulnérable de l’humanité ; vous êtes l’architecture de son avenir… », dit Claudine Afiavi PRUDENCIO aux femmes du Bénin, d’Afrique et du Monde

À l’occasion du lancement des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, Mme Claudine Afiavi Prudencio adresse un message puissant aux femmes du Bénin, d’Afrique et du monde. Elle rappelle que la lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas seulement un combat social, mais un enjeu civilisationnel qui engage la responsabilité de toute l’humanité.

MESSAGE AUX FEMMES DU BÉNIN, AUX FEMMES D’AFRIQUE ET AUX FEMMES DU MONDE
À l’occasion du lancement des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre
En ce jour où s’ouvre la vaste respiration mondiale consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes, je voudrais, en tant que femme africaine, femme béninoise, et témoin engagée des luttes de nos sœurs, rappeler une vérité que l’histoire a parfois tenté d’étouffer : la destinée humaine ne se construit jamais contre les femmes sans se défaire d’elle-même. Lorsque le corps féminin est meurtri, c’est tout l’ordre du monde qui se fissure ; lorsque la parole d’une femme est étouffée, c’est la conscience collective qui se rétrécit.
Les violences basées sur le genre ne sont pas seulement des crimes individuels : ce sont des infractions contre la civilisation, des brèches ouvertes dans notre capacité à transmettre, à aimer, à faire société. Elles interrogent la place que nous accordons à la dignité humaine, mais aussi la cohérence de nos institutions, la portée réelle de nos valeurs, et le courage des États à assurer l’inviolabilité de chaque vie.
Dans toutes les sociétés, des plus anciennes aux plus contemporaines, les femmes ont porté la continuité du monde. Elles en ont porté la mémoire, les douleurs, les métamorphoses et les renaissances. Mais trop souvent, on leur a demandé d’assurer cette continuité en silence.
Or plus rien, aujourd’hui, ne peut prospérer sur ce silence.
Ce silence n’est plus une vertu : c’est une frontière que nous brisons.
À vous, femmes du Bénin, femmes d’Afrique, femmes du monde, je dis ceci :
vous n’êtes pas le segment vulnérable de l’humanité ; vous êtes l’architecture de son avenir.
Votre voix n’est pas un supplément d’âme ; elle est le diapason qui réajuste la conscience collective.
Vos combats ne sont pas des revendications conjoncturelles ; ils sont les actes fondateurs d’une humanité qui veut réellement se dire juste.
Il n’y a pas de paix nationale durable sans sécurité des femmes.
Il n’y a pas de prospérité sans intégrité physique et morale des filles.
Il n’y a pas de démocratie sans vérité autour de ce que vivent les corps féminins.
C’est pourquoi j’appelle, en ce premier jour des 16 jours d’activisme, à une transformation qui dépasse les campagnes, les slogans et les convenances diplomatiques. Je plaide pour un changement de civilisation :
• un monde où la liberté des femmes ne dépend plus de la magnanimité des autres, mais de la reconnaissance de leur souveraineté ;
• un monde où chaque fille comprend que son corps n’est pas un territoire à conquérir, mais un espace sacré qui ne tolère aucune profanation ;
• un monde où les institutions ne protègent pas les violences, même par omission, même par inertie, mais assument leur rôle de rempart.
Femmes du Bénin, femmes d’Afrique, femmes du monde,
marchons dans ces 16 jours comme on entre dans un espace de vérité.
Que chacune de nos paroles soit un acte politique.
Que chacune de nos mains tendues soit un engagement civilisationnel.
Que chacune de nos luttes soit une pierre posée dans l’édifice inviolable de la dignité humaine.
Nous ne sommes pas venues dans l’histoire pour y chercher une place : nous y revendiquons notre rôle, notre lumière, notre héritage et notre avenir.
Que ces 16 jours allument en chacune et en chacun la conscience que la lutte contre les violences basées sur le genre n’est pas un combat de femmes, mais un test moral pour l’humanité elle-même.
Et nous ne faillirons pas.
Mme Claudine Afiavi PRUDENCIO
Ministre Conseillère à la Santé auprès du Président de la République
Ancienne Présidente de l’Institut national de la Femme
Ancienne Ministre de l’Artisanat et du Tourisme
Ancienne Députée à l’Assemblée nationale, au Parlement Panafricain et à l’APF
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