Algérie : le Président Tebboune cherche à afficher sa force politique à Constantine

 

Abdelmadjid Tebboune a effectué jeudi une visite très médiatisée à Constantine. Le président algérien a été accueilli par une foule compacte, mobilisée selon plusieurs observateurs par les autorités locales pour projeter l’image d’un soutien populaire massif, dans un contexte marqué par des tensions sociales et un durcissement politique.

L’arrivée du chef de l’État, escorté par des avions de chasse de l’ANP, a été largement mise en scène. Les médias publics ont présenté cet accueil comme une démonstration de ferveur, une narration reprise par la Présidence pour illustrer un « front interne » rassemblé autour du pouvoir. Mais cette communication contraste avec la réalité d’un espace public réduit depuis la fin du Hirak, d’une contestation encadrée et de voix critiques poursuivies en justice.

Tebboune a profité de son déplacement pour multiplier les annonces de projets. Il a lancé la construction d’un centre hospitalo-universitaire de 500 lits, inauguré plusieurs infrastructures, dont un complexe sportif, et relancé des programmes de logements portés par l’agence AADL. Ces promesses prolongent une série d’engagements souvent reconduits sans calendrier précis, alors que le pays fait face à des revenus hors hydrocarbures en baisse et à des contraintes budgétaires persistantes.

Le pouvoir a également mis en avant l’ouverture d’un complexe pharmaceutique et d’un projet urbain à Sissaoui, présentés comme des signes de « renouveau industriel ». Pourtant, l’économie algérienne demeure fortement dépendante des importations, avec un appareil productif restreint et un cadre réglementaire régulièrement pointé pour son manque de prévisibilité.

En fin de journée, le président s’est recueilli au mausolée d’Abdelhamid Ben Badis. Cette séquence mémorielle s’inscrit dans une stratégie plus large : celle de convoquer les symboles historiques pour renforcer la légitimité du pouvoir dans un climat politique resserré.

Cette visite intervient alors que le pays subit une inflation tenace, un chômage élevé des jeunes et des difficultés d’approvisionnement dans plusieurs secteurs. Sur la scène politique, la participation électorale faible et la réduction des espaces d’expression poussent les autorités à multiplier les démonstrations publiques de soutien autour du chef de l’État.

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