L’Assemblée nationale du Bénin a adopté la proposition de révision de la Constitution par 90 voix pour, 19 contre et aucune abstention. Cette modification de la loi fondamentale provient des présidents des deux groupes parlementaires de la majorité. Avant l’adoption, 87 députés avaient validé la prise en considération du texte, conformément à l’article 154 de la Constitution. Cette étape a ouvert la voie à l’examen de fond.
Le changement majeur introduit concerne l’institutionnalisation du Sénat, qui transforme désormais le Parlement en un système bicaméral composé de l’Assemblée nationale et du Sénat. Pour l’économiste financier, spécialiste en science politique et ancien directeur adjoint de cabinet du président de l’Assemblée nationale, Moukaram Badarou, ce tournant marque une avancée importante. Il s’est exprimé mercredi sur Radio Sêdohoun.
Moukaram Badarou rappelle l’attachement du peuple béninois à la Constitution du 11 décembre 1990. Selon lui, ce texte a consolidé la stabilité politique depuis la Conférence nationale. Il estime que cette Constitution a régulé la vie institutionnelle et permis les alternances démocratiques. Il juge donc compréhensible l’inquiétude d’une partie de la population.
Il rejette cependant l’idée d’une menace. Pour lui, toute Constitution doit s’adapter à l’évolution du pays et du contexte international. Il insiste sur le fait qu’elle n’est « ni la Bible, ni le Coran », et qu’une réforme peut renforcer les mécanismes républicains. Il cite la révision de 2019 qui avait permis d’unifier les élections, de rationaliser les finances publiques et de renforcer la représentativité des femmes. Il rappelle que cette réforme a permis l’entrée de 24 femmes à l’Assemblée nationale, un acquis majeur selon lui.
Moukaram Badarou souligne que la procédure de révision est encadrée de manière rigoureuse. Il mentionne l’exigence des trois cinquièmes pour la recevabilité, puis celle des quatre cinquièmes pour l’adoption finale sans référendum. À ses yeux, la forte adhésion observée vendredi dernier confirme le caractère consensuel du projet.
Le Sénat devient désormais une chambre chargée de stabiliser la vie politique. Il veillera au respect de la trêve politique, à la continuité de l’État et à la régulation des tensions. Badarou estime que cette redistribution du pouvoir sert le Bénin et renforce l’efficacité institutionnelle. Il insiste sur la capacité du Sénat à demander une seconde lecture d’une loi avant promulgation, un mécanisme qui, selon lui, améliore la qualité du processus législatif.
Il affirme que le pays avait besoin d’un second souffle démocratique après trente ans de renouveau. Pour lui, cette réforme encourage la classe politique à privilégier le développement plutôt que les « oppositions systématiques ». Il appelle à une contribution constructive de tous les acteurs, y compris ceux vivant dans la diaspora.
La révision fait également passer le mandat du président de la République et celui des députés à sept ans. Badarou insiste sur l’objectif : recentrer l’action publique sur le travail, la création de richesse et la lutte contre la pauvreté.
Interrogé sur les spéculations autour d’une « Nouvelle République », il rejette toute interprétation destinée à « faire peur ». Il rappelle que la limitation à deux mandats présidentiels n’a pas été modifiée. Il affirme que le chef de l’État en fonction a déjà accompli ses deux mandats et ne peut en exercer davantage.
Pour lui, cette réforme n’a donc rien d’un outil destiné à sécuriser le pouvoir en place. Il y voit plutôt une évolution institutionnelle censée renforcer la stabilité, la paix et l’efficacité des politiques publiques.

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