Prague : la cathédrale Saint-Guy accueille enfin un orgue monumental

 

 

La cathédrale Saint-Guy de Prague s’apprête à dévoiler un orgue monumental attendu depuis près de sept siècles. Édifice majeur du patrimoine tchèque et siège de l’archevêché, la cathédrale avait déjà connu une douzaine d’instruments, mais le dernier, installé en 1931, ne convenait pas à l’acoustique de la nef. Pour les spécialistes, ce manque d’un véritable grand orgue était devenu un vide historique.

L’instrument nouvellement installé, imaginé pour se fondre dans l’architecture gothique, surplombe le chœur depuis le mur occidental. Ses ornements en verre, signés du designer slovaque Peter Olah, reflètent la lumière de la rosace et donnent à l’ensemble une impression de légèreté, malgré ses 45 tonnes. Il rassemble plus de 6.000 tuyaux, allant de quelques millimètres à près de onze mètres.

Sa fabrication a été confiée au facteur d’orgues allemand Gerhard Grenzing, dont les ateliers sont situés en Espagne. Après son assemblage, l’instrument a été démonté puis transporté par camion jusqu’à Prague. Afin d’adapter le son à la tradition tchèque, Grenzing s’est inspiré des orgues historiques du pays. Il a également dû ajuster sa conception, les murs de grès de la cathédrale absorbant davantage les sons que prévu.

Installé en mars, l’orgue est désormais en phase d’accordage. Le travail, mené chaque jour de 16 h à minuit par les harmonistes, nécessite environ 900 heures. Le chef harmoniste français André Lacroix espère finaliser les réglages en janvier. L’instrument sera présenté au public le 15 juin 2026, lors d’un concert avec l’Orchestre philharmonique tchèque, pour la fête de la Saint-Guy.

Entièrement financé par des dons depuis 2017, le projet a déjà collecté 114 millions de couronnes, soit 4,7 millions d’euros. Les contributions vont des modestes billets glissés dans un sac plastique expédié par la diaspora aux parrainages de tuyaux portant désormais le nom des donateurs. Cet élan populaire rappelle la grande souscription du XIXe siècle qui avait permis la construction du Théâtre national, symbole du renouveau identitaire tchèque.

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