Trois jours d’arrêt total des activités : c’est le mot d’ordre lancé ce matin par Issa Tchiroma Bakary, à travers une déclaration solennelle diffusée sur les réseaux sociaux. L’homme politique invite les Camerounais à observer du lundi 3 au mercredi 5 novembre des journées de « villes fantômes », en signe de protestation contre ce qu’il qualifie de « confiscation du pouvoir » à la suite de la proclamation des résultats de la présidentielle. « Je vous appelle donc, du lundi 3 novembre au mercredi 5 novembre, à observer les villes fantômes. Laissez le pays tout entier s’arrêter, afin que le monde entier sache que nous résistons », déclare Issa Tchiroma dans son message.
L’opposant exhorte les citoyens à rester chez eux, garder les commerces fermés et suspendre leurs activités pendant trois jours. Cette initiative vise, selon lui, à envoyer un signal fort aux autorités tout en évitant les affrontements directs avec les forces de sécurité : « Restons calmes, mais déterminés. Restons dignes, mais inflexibles. » Dans ce passage, Issa Tchiroma met en avant la dimension symbolique et économique de l’action. « La force d’une économie, c’est son peuple et le peuple ne la reconnaît plus comme son leader », affirme-t-il.
L’idée d’un arrêt total de l’activité vise à démontrer que le pays ne peut fonctionner sans la participation active de ses citoyens, et que la légitimité politique découle du consentement populaire.
En appelant à une mobilisation silencieuse plutôt qu’à des marches, Tchiroma cherche à inscrire sa résistance dans une logique de désobéissance civile pacifique. Le mot d’ordre des « villes fantômes » rappelle des tactiques déjà utilisées dans le passé par certains mouvements camerounais, notamment dans les régions anglophones, pour exprimer un désaccord sans confrontation directe.
Mais cette fois, l’appel a une portée nationale : « Dans toutes les régions, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, les Camerounais se sont exprimés pacifiquement avec la seule arme qui leur est accordée par la Constitution : leur vote », a rappelé Tchiroma, estimant que cette expression démocratique a été « trahie » par les institutions.
L’appel à la paralysie du pays intervient dans un climat politique explosif, marqué par des accusations de fraudes électorales et des rapports faisant état de répression contre des manifestants.
Des observateurs redoutent que ces journées ne dégénèrent en affrontements, malgré le caractère pacifique prôné par Tchiroma. Le gouvernement, pour sa part, n’a pas encore officiellement réagi à cet appel, mais les forces de sécurité ont été placées en état d’alerte dans plusieurs grandes villes.
« Le peuple est ressuscité »
Pour Tchiroma, ces trois jours doivent symboliser la renaissance d’un peuple conscient de sa souveraineté : « Le peuple est ressuscité. Debout, digne et courageux, il a dit non à la confiscation du pouvoir », a-t-il proclamé.
Il conclut sa déclaration par une promesse : « J’ai pris l’engagement ferme de ne jamais te trahir, et je n’échouerai pas. Ensemble, nous gagnerons cette victoire. »



