France – Algérie : l’accord migratoire de 1968 sur le point d’être annulé

 

L’Assemblée nationale française a voté de justesse, par 185 voix contre 184, une résolution du Rassemblement national (RN) demandant la dénonciation de l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968. Ce texte, qui encadre depuis plus de cinquante ans l’entrée, le séjour et l’emploi des ressortissants algériens en France, pourrait ainsi être remis en cause.

Adoptée jeudi, la proposition n’a pas de valeur contraignante mais revêt une portée politique majeure. C’est la première fois qu’un texte déposé par le parti d’extrême droite est adopté au Parlement français. Marine Le Pen s’en est félicitée, estimant qu’il s’agissait d’« un signal fort » et appelant le Premier ministre Sébastien Lecornu à « abroger sans délai » l’accord bilatéral.

Le texte, soutenu par plusieurs députés de droite et du centre, notamment d’Horizons, qualifie l’accord de 1968 d’« obsolète » et de « discriminatoire ». En revanche, la gauche a voté massivement contre, dénonçant une manœuvre politique « xénophobe » et « contraire aux valeurs républicaines ».

Le résultat du vote a été influencé par l’absence de nombreux députés du parti présidentiel Renaissance : seuls 30 sur 92 ont pris part au scrutin. Le chef du groupe, Gabriel Attal, absent lui aussi, avait pourtant déjà évoqué la nécessité de « revisiter » cet accord dans un contexte diplomatique tendu avec Alger.

Pour l’heure, le gouvernement n’a pas réagi officiellement. Mais ce vote relance le débat sur la place du Rassemblement national dans le jeu institutionnel français, certains y voyant un signe supplémentaire de sa normalisation. La députée Mathilde Panot (La France insoumise) a accusé la majorité présidentielle d’avoir « laissé passer un texte raciste » en rompant le « cordon sanitaire » face à l’extrême droite.

L’accord de 1968, révisé en 1985, 1994 et 2001, accorde toujours aux Algériens un régime migratoire privilégié en France. Sa possible abrogation intervient dans un climat de tensions persistantes entre Paris et Alger, marqué par des différends sur la mémoire coloniale, la sécurité et la gestion des flux migratoires.

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