Le puissant ouragan Melissa a frappé la Jamaïque mardi 28 octobre, provoquant des scènes de désolation. Toitures arrachées, arbres déracinés et pluies torrentielles ont plongé l’île dans le chaos avant que le cyclone ne poursuive sa route vers Cuba.
Classé en catégorie 5, le niveau maximal de l’échelle de Saffir-Simpson, Melissa a balayé l’ouest de la Jamaïque à la mi-journée avec des vents atteignant près de 300 km/h. Selon les autorités, il s’agit du plus violent ouragan jamais enregistré sur l’île. Par comparaison, Katrina, qui avait dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005, était moins puissant.
Le Centre national américain des ouragans (NHC) a indiqué que le cyclone, rétrogradé ensuite en catégorie 4, s’éloignait du territoire jamaïcain vers 21h GMT, tout en restant « extrêmement dangereux ».
Le ministre jamaïcain de l’Environnement, Matthew Samuda, a qualifié les dégâts de « catastrophiques ». Il a signalé des inondations généralisées et d’importantes destructions d’infrastructures. Des médias locaux rapportent notamment l’effondrement du toit d’un hôpital à Saint Elizabeth, dans l’ouest du pays. À Saint Catherine, la rivière Rio Cobre est sortie de son lit, emportant clôtures et toitures.
La capitale Kingston a été relativement épargnée, mais de nombreuses zones rurales sont en détresse. « Le pire semble derrière nous, mais je crains pour les campagnes », a confié un habitant à l’AFP.
Les autorités ont mis en garde contre des vents violents, des inondations côtières et des pluies intenses pouvant déclencher des glissements de terrain. Le Premier ministre Andrew Holness a averti la population du danger dans l’ouest du pays et demandé la plus grande prudence, notamment face aux crocodiles pouvant surgir des zones inondées.
Selon les estimations de la Croix-Rouge, environ 1,5 million des 2,8 millions d’habitants pourraient être touchés. Avant même d’atteindre la Jamaïque, l’ouragan avait déjà causé sept morts dans la région, dont trois en Haïti et un en République dominicaine.
Les Nations unies ont annoncé l’envoi de 2.000 kits d’urgence depuis la Barbade pour venir en aide aux sinistrés. Le précédent ouragan majeur à avoir frappé la Jamaïque remonte à septembre 1988 : Gilbert avait alors fait 40 morts.
Les autorités avaient ordonné la fermeture des aéroports, des ports et invité les habitants à se réfugier dans les abris anti-ouragans. Si plusieurs touristes ont pu quitter le pays, environ 25.000 sont restés confinés dans leurs hôtels. Certains Jamaïcains, cependant, ont refusé d’évacuer. « Même s’il était de catégorie 6, je ne partirais pas », a déclaré un habitant de Kingston.
Melissa doit désormais atteindre Cuba dans la nuit de mardi à mercredi, avant de se diriger vers le sud des Bahamas et les îles Turques-et-Caïques. Les météorologues rappellent que le réchauffement des océans, dû au changement climatique, favorise l’intensification rapide de ce type de phénomènes extrêmes.
