Le candidat de centre droit Rodrigo Paz a remporté le second tour de la présidentielle bolivienne, dimanche 19 octobre, face à Jorge « Tuto » Quiroga. Avec 54,6 % des voix contre 45,4 % pour son adversaire, l’économiste de 58 ans devient le nouveau président d’un pays en pleine crise économique. Cette élection marque la fin de deux décennies de gouvernements socialistes. Héritier d’une grande famille politique, Rodrigo Paz, figure modérée au discours pragmatique, succède à Luis Arce, dont le mandat de cinq ans a été marqué par une récession sans précédent.
Dans ses premières déclarations, le président élu a salué « le retour progressif de la Bolivie sur la scène internationale » et appelé à « ouvrir le pays au monde ». Son rival Jorge Quiroga, tout en reconnaissant sa défaite, a promis de suivre attentivement la publication des résultats officiels. Son colistier, Edmand Lara, a pour sa part lancé un appel « à l’unité et à la réconciliation nationale ».
Rodrigo Paz prendra ses fonctions le 8 novembre. Il hérite d’un pays confronté à une inflation de plus de 23 %, à une pénurie de carburants et à un effondrement des exportations de gaz, conséquence du manque d’investissements. La raréfaction des devises a rendu intenable la politique de subventions, provoquant une flambée des prix et des tensions sociales.
Durant la campagne, les deux candidats de droite ont proposé des réformes similaires : réduire les dépenses publiques, alléger les subventions et encourager le secteur privé. Rodrigo Paz a défendu l’idée d’un « capitalisme pour tous », axé sur la décentralisation et la rigueur budgétaire, tandis que son adversaire prônait une ouverture totale aux marchés internationaux.
Malgré sa victoire, le nouveau chef de l’État devra composer avec un Parlement sans majorité absolue. Son parti dispose de 49 députés et 16 sénateurs, contre 39 députés et 12 sénateurs pour la formation de Jorge Quiroga. Cette configuration l’obligera à bâtir des alliances pour gouverner.
La défaite du Mouvement vers le socialisme (MAS) d’Evo Morales, au pouvoir de 2006 à 2019, confirme le basculement politique du pays. Le parti, affaibli par les scandales et les divisions, n’a recueilli que 3,1 % des voix au premier tour. Evo Morales, écarté de la course en raison de la limite des mandats et visé par un mandat d’arrêt, a critiqué les programmes des candidats de droite, les accusant de « vendre les ressources nationales au FMI et à la Banque mondiale ».
L’arrivée au pouvoir de Rodrigo Paz ouvre une nouvelle ère pour la Bolivie. Reste à savoir si le futur président parviendra à rétablir la stabilité économique et à rassembler un pays profondément divisé, entre nostalgie du modèle socialiste et espoirs d’un redressement libéral.