Mali : une entreprise chinoise prend le relais de la France pour la production des passeports

 

Le Mali franchit une nouvelle étape dans sa quête d’indépendance numérique. Le gouvernement a confié à la société chinoise EMPTECH la conception et la fourniture du nouveau passeport électronique AES, succédant ainsi à la société française IDEMIA, qui détenait jusque-là le marché.

Basée à Shenzhen, EMPTECH (Shenzhen Emperor Technology Co., Ltd.) est un acteur reconnu de la sécurité numérique et biométrique. Fondée en 1995, l’entreprise opère dans plus de 60 pays et fournit déjà des passeports électroniques et des systèmes d’identification à plusieurs États africains, dont le Burkina Faso. Sa spécialité couvre la production de documents sécurisés, les cartes à puce, les systèmes d’enrôlement biométrique et la gestion des bases de données. Elle emploie environ 1 000 ingénieurs et techniciens, dont près de 40 % travaillent en recherche et développement.

Cette transition met fin à la collaboration avec IDEMIA, qui avait été au centre d’un différend avec Bamako en 2023. Les autorités maliennes avaient reproché à l’entreprise française de ne pas transférer certaines données techniques et biométriques du système national, soulevant des inquiétudes sur la souveraineté numérique du pays. Ce désaccord avait entraîné un blocage dans la production des passeports et perturbé le calendrier électoral de 2024.

Le nouveau passeport AES, lancé en 2025, marque une avancée majeure vers la modernisation des titres de voyage maliens. Conçu selon les standards de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), il vise à renforcer la sécurité et la fiabilité des documents officiels. En raison de la transition technique, le ministère de la Sécurité et de la Protection civile a temporairement suspendu l’enrôlement des citoyens. Le service standard a été interrompu le 11 octobre, suivi du service premium le 16 octobre, avant une reprise prévue au plus tard le 25 octobre 2025.

Un nouveau barème tarifaire accompagne également cette réforme : le coût du passeport biométrique AES est désormais fixé à 45 000 FCFA pour la formule standard et à 90 000 FCFA pour le service sur place, une réduction par rapport aux anciens prix. Ces mesures traduisent la volonté des autorités de rendre le document plus accessible tout en garantissant une qualité accrue.

L’entrée d’EMPTECH dans le dispositif d’identification nationale symbolise le recentrage stratégique du Mali vers des partenariats diversifiés et non exclusivement occidentaux. Elle illustre aussi la détermination du pays à consolider sa souveraineté technologique et administrative, dans un contexte de transition politique où la maîtrise des données et des infrastructures demeure une priorité nationale.

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