L’intelligence artificielle (IA) s’impose désormais comme un enjeu majeur de souveraineté numérique. C’est ce qu’a rappelé Youssef Bentaleb, président du Centre Marocain de la Recherche Polytechnique et de l’Innovation (CMRPI) et directeur de la Campagne Nationale de Lutte Contre la Cybercriminalité (CNLCC), lors d’une conférence organisée le mardi 7 octobre à Rabat par Kaspersky.
Réunissant experts, chercheurs et responsables de la sécurité des systèmes d’information, cette rencontre a permis d’analyser l’impact croissant de l’IA sur la cybersécurité et les nouveaux défis qu’elle impose. « L’intelligence artificielle est un atout pour renforcer la sécurité numérique, mais elle alimente aussi de nouvelles formes d’attaques », a prévenu M. Bentaleb.
Les discussions ont mis en lumière la dualité de l’IA : outil de défense capable d’améliorer la détection et la réponse aux menaces, mais aussi arme redoutable entre les mains de cybercriminels. Ces derniers exploitent désormais des agents autonomes d’intelligence artificielle pour mener des offensives rapides et invisibles.
Face à cette réalité, Youssef Bentaleb a insisté sur la nécessité de repenser la stratégie nationale de cybersécurité, en misant sur la formation, la modernisation des infrastructures et une coopération renforcée entre les secteurs public et privé.
Le Maroc, classé parmi les pays les plus avancés en cybersécurité par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) en 2024, demeure sous vigilance. Des attaques récentes contre des secteurs stratégiques, notamment l’énergie et l’administration, ont rappelé la persistance des risques. « Le pays a accompli des progrès notables, mais il faut consolider la coordination nationale pour faire face à l’évolution rapide des menaces », a averti M. Bentaleb.
La conférence a ainsi jeté les bases d’une nouvelle gouvernance numérique axée sur la prévention, la sensibilisation et la coopération internationale. Objectif : faire du Maroc un acteur de référence en cybersécurité en Afrique, grâce à la recherche, à l’innovation et à la formation continue.
« L’avenir de notre sécurité numérique dépendra de notre capacité à transformer l’intelligence artificielle en outil de résilience plutôt qu’en vecteur de vulnérabilité », a conclu Youssef Bentaleb.
