Face à la concurrence jugée déloyale de la Chine, l’Union européenne a décidé de durcir sa politique commerciale sur l’acier. Mardi 7 octobre, la Commission européenne a annoncé une série de mesures exceptionnelles, dont le doublement des droits de douane sur les importations dépassant les quotas autorisés. Ces taxes passeront de 25 % à 50 %, selon le vice-président exécutif Stéphane Séjourné.
La Commission prévoit également de réduire de moitié les volumes d’acier étranger pouvant entrer sur le marché européen sans taxe. L’objectif est de protéger les producteurs européens fragilisés par les surcapacités chinoises et la baisse des prix mondiaux. Ce nouveau dispositif remplacera en 2026 la clause de sauvegarde introduite en 2019 pour stabiliser le secteur.
« L’industrie sidérurgique européenne était au bord de l’effondrement. Nous la protégerons pour qu’elle puisse investir, décarboner et redevenir compétitive », a déclaré Stéphane Séjourné devant le Parlement européen. Bruxelles souhaite aussi obtenir de Washington une exemption de droits de douane afin de coordonner la riposte transatlantique face à Pékin.
La Chine, avec plus d’un milliard de tonnes produites en 2024 (soit plus de la moitié de la production mondiale) écrase la concurrence. À titre de comparaison, l’Allemagne n’a produit que 37 millions de tonnes, l’Espagne 12 et la France moins de 11.
Les sidérurgistes européens, confrontés à la hausse des coûts énergétiques depuis la guerre en Ukraine et à une demande intérieure en berne, multiplient les plans sociaux. En Allemagne, Thyssenkrupp envisage de céder sa branche acier à l’Indien Jindal Steel. En France, ArcelorMittal a annoncé 600 suppressions de postes et menace de suspendre son projet de décarbonation à Dunkerque.
Les milieux économiques saluent ces mesures jugées « vitales » pour la survie du secteur, qui emploie encore près de 300 000 personnes directement et 2,5 millions indirectement dans l’UE. L’action d’ArcelorMittal a d’ailleurs bondi de 9 % en une semaine, signe d’un regain de confiance des marchés.