Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé mardi 7 octobre sa vive inquiétude face à l’exode massif de civils dans le nord du Mozambique, où beaucoup se retrouvent dans des situations quasi irrémédiables.
Dans la province de Cabo Delgado, près de 22.000 personnes ont dû quitter leurs foyers en une seule semaine à la fin de septembre, fuyant les attaques répétées d’insurgés islamistes. Ces derniers, liés à l’État islamique, ont notamment mené le mois dernier des assauts contre la ville stratégique de Mocimboa da Praia, affrontant l’armée et décapitant des civils.
Xavier Creach, représentant du HCR au Mozambique, a déclaré depuis Pemba : « Ce à quoi nous assistons ces deux dernières semaines relève d’une souffrance humaine exceptionnelle. Les civils ne sont plus seulement des victimes collatérales, ils sont désormais des cibles directes ».
Selon lui, la violence s’est intensifiée cette année avec plus de 500 incidents recensés, incluant des raids sur des villages, des enlèvements, des meurtres et des pillages. Des cas de recrutement forcé et de violences ciblant les femmes ont également été signalés.
« Le niveau de détresse psychologique est alarmant », a ajouté M. Creach, soulignant que cette recrudescence marque un tournant dans le nord du Mozambique. Les familles, après des années d’incertitude, atteignent leurs limites : certaines restent malgré le danger, d’autres fuient à nouveau avec peu d’espoir de retour.
Plus de 100.000 personnes ont été déplacées cette année, dont 89 % avaient déjà été contraintes de quitter leur domicile auparavant. La situation humanitaire est aggravée par la fermeture de 22 organisations d’aide à Cabo Delgado cette année, limitant fortement la réponse aux besoins.
Depuis le début du conflit en 2017, plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées au Mozambique. « Nous faisons face à une crise invisible et extrêmement difficile », a alerté M. Creach.