L’égyptologue Khaled el-Enany a été élu lundi 6 octobre Directeur Général de l’UNESCO avec 55 voix sur 57. Premier Arabe et deuxième Africain à diriger l’organisation, il succède à la Française Audrey Azoulay, dans un contexte marqué par le futur retrait des États-Unis et une baisse budgétaire attendue de 11 %. Dans « Le grand invité Afrique », l’égyptologue de 53 ans, afrirme que cette victoire « très nette » est « une étape majeure dans une carrière consacrée à l’éducation, à la recherche scientifique et à la préservation du patrimoine ». Au micro de RFI, il a exprimé à la fois sa gratitude et sa conscience de la responsabilité que représente un tel mandat : « Il y a presque un consensus des États membres. Je ne m’attendais pas du tout à un chiffre pareil. »
Dès ses premiers mots, Khaled el-Enany a esquissé sa feuille de route. Ses cent premiers jours seront consacrés à une série de consultations individuelles et collectives avec les États membres, les partenaires onusiens, les donateurs, le secteur privé et la société civile. Objectif : « établir beaucoup de synergies » et renforcer la coopération entre les différents acteurs du système multilatéral.
Se présentant comme « citoyen égyptien, arabe, africain, méditerranéen et du monde », il souhaite faire de l’UNESCO un « pont culturel » entre les peuples. « Je viens d’une région carrefour de civilisations. Je veux que l’UNESCO incarne ce dialogue des cultures et cette ouverture à l’autre », a-t-il affirmé.
Son élection intervient dans un contexte difficile. Le retrait annoncé des États-Unis en 2026 privera l’organisation de près de 11 % de son budget. Mais le nouveau directeur général se veut confiant : « L’actuelle direction a réussi à mobiliser 490 millions de dollars en 2024, une croissance exceptionnelle dans le système onusien. »
Fort de son expérience à la tête de deux ministères, il mise sur une approche partenariale : « Je viens d’un pays qui n’est pas très riche. J’ai appris à mobiliser des ressources en travaillant avec le secteur privé et les grandes entreprises. Avec les États membres, je poursuivrai ces efforts pour rassurer les anciens donateurs et en attirer de nouveaux. »
Une UNESCO moins politisée et plus proche des citoyens
Face aux critiques dénonçant une politisation excessive de l’organisation, Khaled el-Enany prône une ligne claire : « Les États membres veulent une UNESCO moins politisée, fidèle à son mandat technique, et cherchant toujours le consensus. »
Son slogan de campagne, “UNESCO for the People”, traduit sa vision : une institution plus visible, plus utile et plus proche des populations. « Je veux une UNESCO qui ait un impact réel sur la vie des gens, au-delà du patrimoine culturel. »
L’éducation et la paix, piliers de son mandat
Pour le nouveau patron de l’UNESCO, la paix passe avant tout par l’éducation. « Tant qu’un élève apprendra dans son manuel que son voisin est un ennemi, il n’y aura pas de paix », insiste-t-il. Il plaide aussi pour la réduction des inégalités mondiales en matière d’accès au savoir et à la science, qu’il considère comme « des sources d’exclusion et de haine ».
Enfin, il entend renforcer le rôle de l’UNESCO dans la protection des sites patrimoniaux, des enseignants, des journalistes et des chercheurs dans les zones de conflit, mais aussi dans les contextes de crise climatique. « L’éducation, la science et la culture rapprochent les peuples là où la politique rapproche les gouvernements », a-t-il conclu, résumant sa philosophie d’action.