Près de la moitié des hommes tunisiens fument régulièrement, malgré une législation considérée comme complète. L’application insuffisante des textes et l’absence de solutions concrètes mettent en lumière les limites de la politique actuelle de lutte contre le tabagisme.
Le tabagisme touche surtout les jeunes adultes urbains, tandis que les femmes fumeuses restent minoritaires mais en progression. La Tunisie a pourtant mis en place plusieurs mesures fortes, telles que l’interdiction de fumer dans les lieux publics, la limitation de la publicité et l’adhésion à la convention-cadre de l’OMS en 2010. Mais sur le terrain, la vente de tabac reste facile et les campagnes de sensibilisation privilégient la stigmatisation au détriment de l’accompagnement des fumeurs.
Le programme national de lutte contre le tabac repose sur une abstinence totale et un accès limité aux substituts nicotiniques. Cette approche est jugée trop rigide par de nombreux spécialistes, qui soulignent l’importance de stratégies de réduction des risques, déjà efficaces dans d’autres domaines de santé publique, comme la lutte contre le VIH ou certaines addictions.
Des pays comme la Suède, avec le Snus, et le Royaume-Uni, grâce à la cigarette électronique, ont montré que l’introduction d’alternatives moins nocives peut réduire significativement le tabagisme. Le Dr Mark Tyndall, expert international en santé publique, recommande que la Tunisie suive une approche similaire, permettant aux fumeurs d’accéder à des solutions sans fumée. Il souligne que ces alternatives constituent une question d’équité sanitaire et de justice sociale, tout en critiquant la résistance réglementaire et scientifique qui limite leur diffusion.
Les observateurs estiment que la Tunisie doit adapter un cadre réglementaire spécifique, incluant un contrôle strict des produits, une meilleure formation des professionnels de santé et une communication scientifique claire. Cette évolution offrirait aux fumeurs tunisiens un accompagnement plus concret, combinant prévention et alternatives tangibles pour réduire les risques liés au tabac.