Les pays d’Afrique de l’Est ont montré une résilience remarquable face aux turbulences du commerce mondial, contredisant les prévisions de repli liées aux droits de douane américains et aux incertitudes géopolitiques, selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).
Entre avril et juillet 2025, malgré les taxes américaines imposées dans le cadre du plan « Liberation Day », les exportations régionales vers les États-Unis ont fortement progressé. La République démocratique du Congo a enregistré une hausse de plus d’un milliard de dollars, tandis que l’Éthiopie et le Kenya ont vu leurs ventes croître respectivement de 95 % et 22 %. Cette dynamique s’explique par des droits de douane moins élevés pour la région et une forte demande américaine.
Le commerce intra-africain gagne également du terrain. Les échanges au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est ont dépassé 11 milliards de dollars en 2024, en hausse de 22 % par rapport à 2023, et le commerce intra-africain a progressé de 8,5 %. Les produits agricoles et manufacturés, comme les textiles, produits chimiques, ciment et produits pharmaceutiques, ont largement contribué à cette croissance, illustrant le potentiel des chaînes de valeur régionales et de la ZLECAf.
La flambée des prix des matières premières a soutenu les exportations. L’or a augmenté de plus de 60 % et le café a presque doublé entre janvier 2024 et juillet 2025. La Tanzanie et l’Ouganda, grands producteurs d’or, et le Kenya, avec ses exportations de thé atteignant 1,7 milliard de dollars en 2024, ont pleinement profité de cette tendance.
Cependant, la région reste confrontée à des fragilités structurelles. Les exportations minières représentent désormais 53 % des ventes totales, tandis que l’industrie manufacturière ne pèse plus que 17,5 % en 2024.
Pour renforcer leur compétitivité, les pays est-africains mettent en œuvre des politiques volontaristes et des investissements ciblés : extension des ports, création de zones économiques spéciales, accords bilatéraux pour lever les barrières non tarifaires et modernisation des infrastructures logistiques et industrielles.
Alors que l’avenir de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) reste incertain, la région se prépare à diversifier ses marchés et à renforcer le commerce intra-africain. La résilience démontrée par l’Afrique de l’Est souligne son potentiel, mais sa compétitivité à long terme dépendra d’une réduction de sa dépendance aux matières premières, d’une relance manufacturière et d’une intégration régionale plus profonde.
Le Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique de l’Est couvre 14 pays, dont le Burundi, la RDC, Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda.