Le nouveau projet de loi de finances 2026 affiche de grandes ambitions, mais la Tunisie reste confrontée à des déficits persistants et à une forte dépendance extérieure, compliquant toute perspective rapide de justice sociale et de relance économique.
La Cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzri, a présidé mardi un conseil ministériel dédié au budget 2026, présenté comme un outil de justice sociale et de croissance économique. Toutefois, de nombreux observateurs doutent de la capacité de l’exécutif à tenir ses engagements face à une crise financière et sociale profonde.
Au Palais de la Kasbah, le conseil a examiné les grandes lignes du projet, exposées par la ministre des Finances, Michket Slama Khaldi. Le texte repose sur trois axes : la consolidation de l’État social, avec le renforcement des caisses sociales, de la santé publique, de la sécurité alimentaire et l’allègement fiscal des ménages ; le soutien aux entreprises, via le Plan de développement 2026-2030, le renforcement de l’investissement public, l’appui aux secteurs touristiques et aux entreprises publiques, ainsi que la promotion de la transformation numérique et de la transition énergétique ; et enfin, une réforme fiscale visant à moderniser les services, élargir l’assiette et lutter contre l’évasion grâce à la généralisation des paiements électroniques.
Sarra Zaafrani Zenzri a souligné l’importance de concilier rôle social de l’État et impératif de croissance, affirmant que le projet doit répondre « aux attentes de toutes les catégories sociales ». Mais la réalité budgétaire complique cet objectif : déficit supérieur à 5 % du PIB, dette publique dépassant 80 % du PIB et inflation autour de 7 % en 2025. Ces contraintes limitent la capacité à financer de nouvelles politiques sociales ou à soutenir massivement l’investissement.
L’absence d’accord avec le Fonds monétaire international, dont dépend largement la stabilité financière du pays, et les tensions diplomatiques avec certains partenaires européens compliquent encore le recours aux financements extérieurs. Dans ce contexte, la promesse de consolider un « État social » semble déconnectée de la réalité budgétaire.
Pour plusieurs économistes, le PLF 2026 risque de rester une déclaration d’intentions. Si sa vision se veut réformatrice, la Tunisie demeure prise dans une spirale de déficits et de dépendance aux bailleurs étrangers, rendant peu probable une mise en œuvre rapide des promesses de justice sociale et de relance économique.