New York : à l’ONU, l’UA s’engage à maintenir le dialogue avec l’AES

 

 

Les ministres sahéliens ont rencontré le président de la Commission de l’Union africaine (UA) dans le cadre d’une médiation angolaise visant à relancer le dialogue après plusieurs mois de tensions. Deux mois après la nomination du Burundais Évariste Ndayishimiye comme Envoyé spécial de l’UA pour le Sahel, les ministres des Affaires étrangères des pays de la Confédération AES ont tenu une rencontre lundi 22 septembre avec le président de la Commission africaine. L’objectif était de concrétiser la coopération et de renouer le contact après une période marquée par des incompréhensions, selon le ministère burkinabè des Affaires étrangères. Cette rencontre s’inscrit dans la médiation initiée en juillet par le président angolais João Lourenço, qui avait choisi Ndayishimiye pour jouer un rôle central dans le rapprochement avec les pays sahéliens.

Les ministres Abdoulaye Diop (Mali), Bakary Yaou Sangaré (Niger) et Karamoko Jean Marie Traoré (Burkina Faso) ont exprimé leur vision commune face à la crise sécuritaire sahélienne lors de leur entretien avec Mahmoud Ali Youssouf à New York. Cette réunion illustre la dynamique de rapprochement encouragée par l’Angola avec les États suspendus de l’UA suite à des coups d’État, mais confrontés à de graves défis sécuritaires.

La désignation de Ndayishimiye s’inscrit dans ce cadre plus large. Le 4 juillet, João Lourenço avait déjà échangé par téléphone avec le général Abdourahamane Tiani, président du CNSP du Niger, après la mission de son ministre des Affaires étrangères, Tete António, dans les capitales sahéliennes en juin. La situation sahélienne avait été qualifiée de « véritable urgence continentale » nécessitant une mobilisation africaine collective.

Les ministres ont souligné l’importance pour l’UA de tenir compte des réalités locales dans ses décisions, plutôt que de se limiter à des principes abstraits. Ils ont salué l’approche de Mahmoud Ali Youssouf, notamment l’envoi de missions sur le terrain pour mieux comprendre la situation des pays de l’AES.

« Il est essentiel de corriger les erreurs d’appréciation en se rapprochant des réalités locales et en rompant avec les narratifs construits par ceux qui ne connaissent pas le terrain », a déclaré le ministre burkinabè Karamoko Jean Marie Traoré. Il a ajouté que la lutte contre le terrorisme concerne toute l’Afrique et ne peut s’aborder sans inclure les pays de l’AES, même suspendus.

Le mandat de Ndayishimiye consiste à renforcer les contacts avec les autorités de transition, les acteurs régionaux, la société civile et les partenaires internationaux afin de promouvoir le dialogue et construire un consensus pour une paix durable. Sa nomination complète celle récente de Mamadou Tangara comme Représentant spécial de l’UA au Mali et au Sahel, basé à Bamako.

Cette organisation diplomatique répond aux critiques des pays de l’AES, qui dénoncent leur marginalisation, notamment après l’exclusion du Niger d’un sommet de l’UA en 2025, sous la présidence de Moussa Faki Mahamat, désormais remplacé par Mahmoud Ali Youssouf.

Le président de la Commission de l’UA a reconnu les préoccupations exprimées et insisté sur l’adaptation des textes de l’organisation aux réalités propres à chaque État membre. Il a assuré qu’aucun État de l’AES ne serait isolé sous son mandat et a salué la reprise de la coopération entre l’AES et la CEDEAO comme une étape majeure pour restaurer les liens avec l’UA.

« La Commission que je dirige continuera de soutenir et de conseiller l’AES tout en prenant en compte ses critiques. Nous allons avancer ensemble », a-t-il affirmé. Cette séquence diplomatique (nomination de l’envoyé spécial en juillet et dialogue au sommet en septembre) démontre la volonté de l’Angola de concilier la suspension institutionnelle des États de l’AES avec la nécessité pragmatique de collaborer face à la recrudescence des violences terroristes. Elle témoigne également de l’ambition angolaise de jouer un rôle central dans la médiation continentale, après sa contribution à l’accord de paix Rwanda-RDC en juin 2025.

 

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