Un rapport conjoint de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) alerte sur la situation de surendettement de l’Éthiopie, qualifiant sa dette extérieure « d’insoutenable ». Selon les experts, le pays fait face à des défis politiques, économiques et humanitaires, aggravés par des dépassements prolongés des indicateurs de dette extérieure par rapport aux exportations.
Le document rappelle que l’Éthiopie a fait défaut sur les intérêts d’une euro-obligation en décembre 2023, confirmant sa situation de surendettement. La faible capacité d’endettement du pays, combinée au défaut de paiement des coupons de 33 millions de dollars de cette obligation, accentue les risques financiers.
Les auteurs du rapport soulignent que le remboursement de la dette est rendu plus difficile par « l’accumulation du service de la dette à court et moyen terme » et par la forte baisse des financements extérieurs pendant et après la guerre du Tigré. Ils insistent sur la nécessité d’une mise en œuvre rapide des réformes gouvernementales et d’un allègement de la dette auprès des créanciers extérieurs pour restaurer la viabilité de l’économie.
Selon l’analyse conjointe, l’Éthiopie a conclu en mars 2025 un accord de principe avec ses créanciers officiels dans le cadre du Cadre commun du G20. Un protocole d’accord sur le traitement de la dette est attendu prochainement. Si ce plan est pleinement appliqué, il permettrait de combler les déficits de financement et de réduire le risque de surendettement à des niveaux modérés d’ici 2027/28, période de fin du programme du FMI.
Le rapport avertit que, sans restructuration et réformes efficaces, l’Éthiopie sera confrontée à des « pressions sur ses liquidités et sa solvabilité », car les obligations de service de la dette continueront de dépasser les recettes d’exportation et les revenus publics. L’économie reste très vulnérable aux chocs liés aux exportations et à la dépréciation monétaire.
Cette situation est renforcée par les difficultés économiques internes, notamment les conflits persistants dans les régions d’Amhara et d’Oromia, des lacunes de gouvernance entraînant une mauvaise allocation des dépenses publiques sur des « projets de luxe », ainsi que par des tensions économiques nationales.