À Yiwu, grand centre de production de petites marchandises dans l’est de la Chine, les usines qui fabriquent écharpes, drapeaux ou chapeaux aux couleurs des sélections nationales s’attendaient à un pic de commandes à l’approche de la Coupe du monde 2026. Mais l’incertitude liée aux droits de douane américains ralentit le marché.
Shang Yabing, directeur d’une usine spécialisée dans les accessoires sportifs, constate la baisse : « Nous travaillons depuis plus de dix ans pour les tournois mondiaux. Cette année, seules de petites commandes ont été confirmées. Les plus grosses, environ un million d’articles, restent en attente à cause des taxes américaines », explique-t-il.
Depuis plusieurs mois, Pékin et Washington prolongent leur fragile trêve commerciale, mais l’absence de visibilité dissuade de nombreux acheteurs. Dans les ateliers de Yiwu Wells Knitting Product, les ouvriers cousent encore des franges aux écharpes et repassent des modèles aux couleurs de l’Australie, mais l’ambiance reste morose.
Le phénomène se ressent aussi dans la vaste Cité du commerce international de Yiwu, l’un des plus grands marchés de gros du monde. Là où les stands regorgeaient de clients étrangers avant la dernière Coupe du monde, les allées paraissent clairsemées. Daisy Dai, vendeuse de ballons imprimés, confirme : « Les acheteurs américains représentaient une part essentielle de ma clientèle. Depuis la guerre commerciale, plusieurs grandes marques ne commandent plus. »
Même constat chez Zhou Yanjuan, qui vend drapeaux et porte-clés : ses exportations ont ralenti. Elle relativise toutefois : « Ce ne sont pas des biens essentiels, mais je reste optimiste. Si les droits de douane baissent, les affaires repartiront. »
À neuf mois du Mondial organisé aux États-Unis, au Mexique et au Canada, la Chine redoute que la rivalité commerciale avec Washington continue de priver ses usines d’une manne habituellement assurée par le football.
