Géographie : l’Afrique défie le « plus grand mensonge » des cartes mondiales

 

 

Depuis des siècles, la carte de Mercator, utilisée dans les écoles, les médias et les institutions, déforme la taille réelle de l’Afrique. Les continents proches des pôles apparaissent agrandis, tandis que les nations équatoriales, dont l’Afrique, sont réduites. Le Groenland, par exemple, semble presque aussi grand que l’Afrique, alors que le continent africain est 14 fois plus vaste.

La campagne Correct the Map, portée par les organisations africaines Africa No Filter et Speak Up Africa avec le soutien de l’Union africaine, milite pour l’abandon de la projection de Mercator au profit de la projection Equal Earth, introduite en 2018. Cette carte respecte les proportions des continents et propose une vision plus équilibrée de la planète.

Pour Moky Makura, directrice exécutive d’Africa No Filter, la carte n’est pas qu’un outil géographique : elle façonne les récits sur l’importance, le pouvoir et l’identité. La projection de Mercator, largement adoptée pendant la colonisation, a contribué à présenter l’Afrique comme petite et périphérique. Equal Earth corrige ces distorsions tout en conservant des formes continentales reconnaissables.

La campagne invite écoles, médias, institutions internationales et entreprises à adopter ces cartes correctes. Les gouvernements et ministères de l’Éducation doivent les intégrer dans les programmes scolaires et les documents officiels, tandis que les plateformes technologiques et éditeurs devraient remplacer les projections obsolètes.

« Changer la carte, c’est changer les mentalités », affirme Makura. La représentation réduite de l’Afrique influence l’aide internationale, les investissements et les perceptions mondiales, renforçant les stéréotypes selon lesquels le continent serait à réparer plutôt qu’un partenaire dynamique.

Le rapport Africa No Filter / Université de Bath (juin 2025) montre que ces stéréotypes rendent les consommateurs britanniques et américains moins enclins à acheter des produits africains. Pourtant, l’Afrique est riche en histoire, en créativité et en contributions dans des domaines comme la fintech, la santé et l’éducation.

Makura conclut : « L’Afrique n’est pas un continent brisé. Les Africains ont le pouvoir d’agir. Les cartes sont des instruments de pouvoir, et aujourd’hui, l’Afrique reprend le sien. »

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