Une équipe française vient de reconstituer l’arbre généalogique des chondrites de type L, des météorites très répandues sur Terre. Leurs travaux montrent qu’elles ne proviennent pas d’un seul astéroïde, mais d’au moins trois familles différentes issues de collisions successives dans la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter.
L’étude, publiée le 5 septembre dans Nature Astronomy, est le fruit d’une collaboration entre le Muséum national d’histoire naturelle, le CNRS, Sorbonne Université, le Centre de recherches pétrographiques et géochimiques de Nancy et l’Observatoire de la Côte d’Azur. Elle apporte des éléments nouveaux à une question débattue depuis plusieurs décennies : l’origine de ces fragments qui représentent 35 % des météorites collectées dans le monde.
Pour mener leurs analyses, les chercheurs ont étudié huit chondrites retrouvées en Chine, en Australie et dans le Sahara. Ces roches, marquées par des traces de chocs violents, livrent des informations précieuses. Lors des impacts, la température peut dépasser 2.000 °C, effaçant les horloges radioactives qui datent les minéraux et permettant ainsi d’estimer le moment de leur expulsion dans l’espace. Ces modifications chimiques révèlent aussi la taille et la nature des astéroïdes parents.
En croisant ces données avec les trajectoires de météorites tombées récemment, les scientifiques ont identifié plusieurs corps compatibles avec les chondrites L. Leur scénario s’éloigne de l’hypothèse classique d’un seul corps parent de 320 km de diamètre. Ils évoquent plutôt une « cascade collisionnelle », avec des chocs majeurs il y a 4,5 milliards, 4,47 milliards, 700 millions, 470 millions et 100 millions d’années.
Ces événements auraient engendré plusieurs familles d’astéroïdes. Parmi elles, Gefion 2 et Juno, dont les collisions vieilles de 470 millions d’années auraient alimenté un important flux de météorites vers la Terre. Des traces de cette pluie ont été retrouvées dans les roches datant de l’Ordovicien, une période marquée par un refroidissement brutal et la première extinction de masse, lorsque la vie était encore uniquement marine.
Les chercheurs établissent aussi un parallèle avec le Cryogénien, il y a 700 millions d’années, autre période glaciaire qui pourrait coïncider avec une collision ayant formé la famille Nysa-Polana. Ces résultats suggèrent un lien possible entre certaines crises climatiques majeures de la Terre et l’apport massif de débris spatiaux.