Après la tragédie routière d’Oued El Harrach, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé une série de mesures d’urgence pour le secteur des transports, révélant toutefois les limites d’une gestion chronique marquée par l’improvisation.
Lors d’une réunion consacrée aux transports, Tebboune a présenté des décisions spectaculaires : importation de 10 000 bus pour remplacer un parc vétuste, introduction de stocks massifs de pneus, réforme du permis de conduire, renforcement des contrôles et extension de la responsabilité aux auto-écoles, centres de contrôle technique et gestionnaires d’infrastructures.
Ces annonces donnent l’image d’une réaction énergique, mais elles masquent les failles structurelles du système : dépendance aux importations plutôt qu’à la production locale, absence de politique durable d’entretien des routes, corruption dans les centres de contrôle et sous-investissement chronique dans les infrastructures publiques. La priorité donnée aux contrôles policiers et gendarmesques traduit une approche répressive plutôt que préventive.
Le volet symbolique, avec minute de prière, deuil national et indemnisation des familles, illustre une communication politique où les gestes symboliques remplacent les réformes de fond. Les victimes, qualifiées de « martyrs de la route », deviennent un argument rhétorique pour affirmer l’unité nationale, tandis que les mêmes défaillances se répètent année après année.
Derrière la façade des « six clés » annoncées par Tebboune, se dessine une réalité persistante : un système de transport fragile, géré dans l’urgence et prisonnier d’une économie de rattrapage. Ces mesures pourraient apaiser temporairement l’opinion publique, mais elles ne suffisent pas à répondre à un fléau qui coûte chaque année des milliers de vies et fragilise la confiance des Algériens envers leurs institutions.