Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a souligné à Rabat que la stratégie maritime du roi Mohammed VI positionne l’océan au centre du développement économique, du rayonnement continental et de la défense de la souveraineté nationale, à travers des initiatives régionales et internationales.
À l’ouverture d’un séminaire international sur la délimitation des espaces maritimes, Bourita a rappelé que la Vision Royale relie intégrité territoriale et rôle du Maroc comme puissance maritime. Pour lui, la mer constitue « un espace de communion économique et humaine », notamment avec l’Afrique, et non une simple frontière.
Cette politique se traduit par le renforcement de l’économie bleue et le développement d’infrastructures portuaires stratégiques, telles que Tanger-Med, hub majeur de la Méditerranée et de l’Afrique, et le futur port de Dakhla-Atlantique, destiné à faciliter l’intégration économique continentale. Le Maroc prévoit également de reconstruire une flotte marchande nationale compétitive, capable d’assurer des liaisons régulières avec l’Afrique et le reste du monde.
Sur le plan régional, le Maroc a inscrit la dimension maritime au cœur de sa diplomatie. Le Processus de Rabat, lancé en 2022, rassemble vingt-trois pays atlantiques africains autour d’objectifs communs : sécurité maritime, protection de l’environnement et promotion de l’économie bleue. L’Initiative Royale pour l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique, lancée en 2023, vise à offrir aux États enclavés des corridors logistiques via les ports marocains. Par ailleurs, le gazoduc Nigéria–Maroc, initié en 2016, reliera treize pays africains, favorisera la création d’infrastructures locales et l’industrialisation régionale, tout en consolidant la sécurité énergétique du continent.
Bourita a également insisté sur la nécessité d’adapter le cadre juridique international. La Convention de Montego Bay de 1982, bien qu’établie comme référence, ne répond plus aux défis actuels. Le Maroc plaide pour une gouvernance maritime rénovée, intégrant technologies, protection de la biodiversité et enjeux environnementaux. L’adoption de l’Accord BBNJ sur la biodiversité en haute mer a été saluée comme un « instrument historique » essentiel pour la prospérité des économies africaines dépendantes de la santé des océans.
Le séminaire de Rabat a rassemblé juristes et experts internationaux, dont Mohamed Bennouna, président de l’Institut de droit international, et Yuji Iwasawa, président de la Cour internationale de justice, illustrant le rôle du Maroc comme acteur clé dans la gouvernance maritime et le droit de la mer à l’échelle mondiale.