Égypte : l’ONU critique les détentions arbitraires prolongées

 

 

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme dénonce en Égypte une pratique qui permet aux autorités de maintenir indéfiniment en prison opposants, militants et journalistes, même après l’expiration officielle de leurs peines. Cette méthode, appelée « rotation », a été pointée le 25 août par Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, comme un outil utilisé par le gouvernement d’Abdel Fattah Al-Sissi pour réprimer toute critique politique.

Le mécanisme consiste à prolonger les détentions en formulant de nouvelles inculpations, souvent sur la base de lois antiterroristes, dès qu’une peine initiale se termine. Avocats, journalistes, militants et manifestants pacifiques sont les principales cibles de cette procédure, qui permet de maintenir arbitrairement les individus derrière les barreaux malgré l’absence de preuves solides.

Le cas du poète Galal El-Behairy illustre cette dérive : condamné en 2018 pour des textes satiriques, il a terminé sa peine en juillet 2021 mais reste détenu à la suite de nouvelles affaires engagées contre lui, dont l’une en vertu d’une loi antiterroriste. Le 19 août, sa détention a encore été prolongée de quinze jours par le parquet suprême de la sûreté de l’État.

Pour les organisations de défense des droits humains, la « rotation » institutionnalise la répression et neutralise les voix dissidentes, contournant les décisions judiciaires de libération. Volker Türk a appelé le gouvernement égyptien à y mettre un terme immédiat et à libérer toutes les personnes concernées.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, Abdel Fattah Al-Sissi est régulièrement accusé de transformer le système judiciaire en instrument de contrôle politique, notamment via l’usage systématique de lois antiterroristes. Cette pratique contribue à renforcer l’image d’une Égypte verrouillée, où l’État de droit cède le pas à un contrôle sécuritaire permanent, malgré le soutien diplomatique de partenaires occidentaux et régionaux.

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