Le procureur de la République près le tribunal d’Abidjan, Oumar Braman Koné, a réfuté fermement les allégations de torture concernant la mort de l’activiste burkinabè Alino Faso, dans une intervention télévisée dimanche. Cette prise de parole intervient au moment où la tension diplomatique entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso s’accentue.
Face aux accusations du Burkina Faso qui parle d’« assassinat », le magistrat a décrit en détail les conditions de détention d’Alino Faso, décédé le 24 juillet dernier. Il a souligné que l’activiste, poursuivi pour complots et espionnage, bénéficiait d’un traitement « privilégié », avec des repas adaptés à ses souhaits et l’accès à la télévision.
Le procureur a précisé que le choix de maintenir Alino Faso à l’école des gendarmes, plutôt qu’en prison, visait à assurer sa sécurité. Concernant les accusations de torture, il a été catégorique : « Non, l’enquête est claire à ce sujet ». Une enquête judiciaire est ouverte pour déterminer les causes du décès, confiée au doyen des juges d’instruction.
Cette affaire a déclenché une crise diplomatique majeure. Le gouvernement burkinabè a dénoncé un manque de transparence, notamment en raison du retard dans la notification officielle du décès. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères a convoqué la chargée d’affaires ivoirienne pour exiger des explications, tout en réclamant le rapatriement du corps et la vérité sur les circonstances de la mort.
Cette tension intervient alors que des discussions sont en cours entre la Cédéao et la Confédération des États du Sahel, dont le Burkina Faso est membre. Certains analystes craignent que cette crise ne fragilise davantage le dialogue régional, déjà marqué par des divergences sur la présidence tournante de l’UEMOA et la gestion du franc CFA.
Le Burkina Faso affirme sa détermination à faire la lumière sur cette affaire et avertit que la mort d’Alino Faso ne restera pas impunie. Cette controverse reflète également une fracture plus profonde entre les États sahéliens cherchant plus d’autonomie et les pays côtiers engagés dans la coopération régionale.
La déclaration du procureur Koné, rare intervention judiciaire dans ce dossier sensible, souligne l’enjeu diplomatique et politique que représente cette affaire pour la stabilité et l’intégration en Afrique de l’Ouest.