Canicule 2025 : dans les Alpes, la neige et l’eau déjà en pénurie, les glaciers en sursis

Alors que l’été bat son plein, les Alpes françaises et suisses subissent déjà de plein fouet les conséquences de la canicule précoce de juin 2025. Dans les massifs des Écrins, du Mont-Blanc ou encore autour de Chamonix, la fonte accélérée de la neige et des glaciers inquiète scientifiques, gardiens de refuges et guides de haute montagne.

Au refuge de la Selle (2 673 m), dans les Écrins, Noémie Dagan tire la sonnette d’alarme : « On a quasiment un mois d’avance sur la fonte de la neige », constate-t-elle. Sans citerne, son refuge dépend directement du névé local pour s’approvisionner en eau une ressource de plus en plus incertaine. En 2023, le refuge avait dû fermer dès la mi-août. Cette année, elle compte sur deux captages, dont un de secours relié à un glacier par un tuyau de fortune.

Les glaciers, véritables châteaux d’eau naturels, fondent à vue d’œil. Le phénomène n’est plus ponctuel mais structurel : les précipitations se raréfient, les névés jadis pérennes disparaissent, et les infrastructures en haute montagne ne peuvent plus compter sur la gravité pour acheminer l’eau. Il faut désormais envisager des systèmes de pompage à contre-pente.

Un phénomène régional et global

Les Alpes subissent un réchauffement près de deux fois supérieur à la moyenne mondiale, selon les experts. Si cette tendance se poursuit, la quasi-totalité des glaciers alpins français pourrait disparaître d’ici 2100.

Dans le massif du Mont-Blanc, Xavier Cailhol, guide et doctorant en environnement, témoigne d’un changement brutal : « Début juin, je skiais avec 40 cm de poudreuse. Fin juin, les glaciers étaient à vif jusqu’à 3 700 mètres d’altitude. » Au-dessus de 3 200 mètres, la sécheresse serait même pire qu’en 2022, année déjà marquée par un record de fonte.

Sur le glacier des Bossons, visible depuis Chamonix, la fonte accélérée se manifeste par l’apparition d’un « œil de cailloux » : une zone sombre où les pierres absorbent la chaleur et font fondre la glace en profondeur. Ce spectacle, désormais bien visible depuis la vallée, illustre à quel point les glaciers deviennent les symboles visibles du dérèglement climatique.

Une alerte pour tout l’été

Avec plusieurs semaines d’avance sur le calendrier normal de fonte, l’été 2025 s’annonce difficile pour la haute montagne. L’impact touche non seulement le tourisme et l’alpinisme, mais aussi la sécurité hydrique de nombreux refuges, et pose la question de l’adaptation rapide des infrastructures en altitude.

Entre canicules à répétition, précipitations rares et fonte accélérée, les Alpes sont en première ligne du bouleversement climatique mondial. Les glaciers, en recul rapide, deviennent des témoins visibles mais aussi des victimes silencieuses d’un avenir incertain.

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