Environ 140 000 personnes ont manifesté samedi 28 juin en Serbie pour réclamer des élections législatives anticipées, selon un organisme indépendant. Ce rassemblement massif, l’un des plus importants depuis le début de la contestation en novembre 2024, a réuni une foule compacte à Belgrade, malgré les tensions croissantes avec le pouvoir.
Brandissant des drapeaux serbes et des pancartes aux couleurs de leurs villes, les manifestants se sont réunis à partir de 18h sur la grande place centrale de la capitale. « Nous voulons des élections ! », ont-ils scandé à l’unisson, en réponse au refus du président Aleksandar Vucic de dissoudre le Parlement ou d’engager un dialogue.
Violences en fin de manifestation
Alors que le rassemblement s’est déroulé dans le calme pendant plusieurs heures, des affrontements ont éclaté en soirée entre certains groupes de manifestants et les forces de l’ordre. La police a fait usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes, confirmant les craintes de débordements. Le ministère de l’Intérieur parle de 36 000 participants, un chiffre très en deçà des estimations des médias et observateurs présents.
Un mouvement étudiant devenu national
Cette mobilisation trouve son origine dans l’effondrement meurtrier de la gare de Novi Sad le 1er novembre 2024, qui avait fait 16 morts, dont deux enfants. La tragédie, largement attribuée à la corruption et à la négligence des autorités, a provoqué une vague d’indignation. Les étudiants, premiers à s’organiser, réclament depuis une enquête indépendante, des élections anticipées et des réformes en profondeur.
Après la manifestation historique de mars dernier (300 000 personnes), les revendications ont gagné en intensité. Vendredi, les organisateurs avaient fixé un ultimatum au président Vucic pour répondre à leurs exigences. Ce dernier l’a ignoré, dénonçant un prétendu complot étranger et affirmant sur Instagram : « À la fin, la Serbie gagne toujours. »
Vers une radicalisation du mouvement ?
Dans un communiqué lu à la foule après l’expiration du délai, les étudiants ont annoncé leur détermination à poursuivre la lutte : « Cette bataille n’est pas celle des étudiants seulement. C’est celle de toute la nation. » Ils appellent désormais à la « désobéissance civile pacifique », tout en rejetant toute responsabilité en cas de violences futures, qu’ils attribuent au refus du pouvoir d’écouter.
Des arrestations ont été signalées en marge du rassemblement. La pression s’accroît également sur plusieurs figures du mouvement, accusées de tentative de coup d’État ou de collusion avec des intérêts étrangers.
Dans un pays encore marqué par les séquelles de la guerre et une démocratie fragile, cette contestation massive pourrait durablement bousculer la scène politique serbe.