Dans la Bible, le rapport entre Israël et ses ennemis est profondément marqué par la volonté de Dieu de préserver un peuple saint, fidèle à son alliance. Dès les premiers livres, Dieu ordonne à Israël non seulement de se défendre contre ses adversaires, mais surtout de les combattre et de les chasser loin, afin de garantir la pureté spirituelle et l’obéissance du peuple élu.
Lors de l’entrée en Terre promise, Dieu donne des directives fermes. Les peuples qui occupent Canaan – Cananéens, Amoréens, Hittites, etc. doivent être délogés, voire détruits. L’ordre divin n’est pas motivé par une simple ambition territoriale, mais par un impératif spirituel : empêcher toute contamination par l’idolâtrie ou les pratiques païennes. “Vous les dévouerez par interdit, vous ne traiterez point alliance avec elles, et vous ne leur ferez point grâce”, dit Dieu à Israël dans Deutéronome 7:2. Et dans Nombres 33:55, l’avertissement est clair : si les ennemis ne sont pas chassés, ils deviendront des pièges et des épines dans le pays.
Sous la conduite de Josué, Israël applique ces ordres : les peuples sont combattus, dispersés ou détruits. L’objectif est de purifier le territoire et de permettre l’établissement d’un royaume fidèle à Dieu. Ces combats ne sont donc pas des guerres de conquête ordinaires, mais des actes d’obéissance et de séparation d’avec le mal. Le mot d’ordre est de chasser l’ennemi loin, de ne pas cohabiter avec lui, pour éviter tout risque de chute spirituelle.
Cependant, la Bible nuance cette approche. Tous les peuples ne sont pas traités de la même manière. Par exemple, les Édomites et les Moabites doivent être respectés (Deutéronome 2), car ils sont liés à Israël par des origines communes. De plus, la Loi impose que l’on propose d’abord la paix à certaines villes ennemies (Deutéronome 20:10), preuve que Dieu valorise la justice, même en temps de guerre.
Enfin, les prophètes, bien que conscients des conflits extérieurs, recentrent le combat sur l’intérieur : le véritable ennemi d’Israël devient peu à peu son propre cœur infidèle. Plus tard, dans le Nouveau Testament, Jésus poussera cette logique encore plus loin en appelant à aimer ses ennemis.
Mais dans le contexte ancien, Dieu attendait d’Israël qu’il combatte ses ennemis et qu’il les chasse loin, non par haine, mais pour rester fidèle à l’alliance et pour garder un peuple consacré, libre de toute influence étrangère et idolâtre.