Le dernier rapport de l’agence européenne Europol, EU TE-SAT 2025, place l’Afrique au centre des nouvelles dynamiques du terrorisme mondial. Le document met en lumière l’expansion rapide des groupes affiliés à l’État islamique (EI) et à Al-Qaïda dans des zones comme le Sahel, la Somalie et le Mozambique, devenues de véritables plaques tournantes pour le recrutement, la propagande et la projection de la violence, y compris vers l’Europe.
Dans ces régions instables, les groupes armés attirent de plus en plus de combattants terroristes étrangers (CTE), notamment en provenance d’anciens théâtres d’opération comme la Syrie et l’Irak. Le Sahel, notamment la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger), connaît un renforcement de la présence du JNIM (affilié à Al-Qaïda) et de l’ISSP (branche sahélienne de l’EI), qui menacent désormais les États côtiers de l’Afrique de l’Ouest.
En Afrique de l’Est, les Shebab restent puissants en Somalie, tandis que l’EI consolide ses positions dans le Puntland. Au Mozambique, la province de Cabo Delgado est ciblée par des offensives brutales, en particulier contre les populations civiles chrétiennes, dans le cadre de campagnes comme « Tuez-les où que vous les trouviez », reprises dans les supports de propagande jihadiste internationale.
Le rapport pointe également un usage massif du numérique. Les groupes africains ne se contentent plus de contrôler des territoires : ils sont devenus des acteurs clés de la communication terroriste mondiale, avec des contenus multilingues diffusés sur les réseaux sociaux pour radicaliser à distance, notamment en Europe.
En 2024, l’UE a recensé 58 attentats, dont 24 attribués au djihadisme, avec un bilan de cinq morts et 18 blessés. 289 arrestations pour terrorisme jihadiste ont été menées, touchant particulièrement des jeunes, parfois mineurs, influencés par des contenus en ligne, souvent produits depuis l’Afrique.
Europol met en garde contre une porosité croissante entre les scènes africaines et européennes, tant sur le plan idéologique qu’opérationnel. L’agence appelle à renforcer la coopération sécuritaire avec les pays africains, pour anticiper les retours ou la projection de combattants vers l’Union européenne.