Face à la montée des attaques jihadistes et aux défis sécuritaires croissants, la Cédéao presse le pas vers l’opérationnalisation de sa Force en attente. Réunis à Abuja pour leur 67ᵉ sommet, les chefs d’État ouest-africains ont décidé de convoquer une réunion extraordinaire de leurs ministres des Finances et de la Défense afin de débloquer en urgence les fonds nécessaires.
Le président nigérian sortant, Bola Ahmed Tinubu, a martelé : « La Force en attente doit passer du concept à la réalité opérationnelle dès maintenant ». Ce projet, annoncé en décembre 2024, reste entravé par un manque de ressources financières alors que le terrorisme gagne du terrain, notamment dans le nord du Bénin, au Nigéria, au Togo et dans d’autres États côtiers du golfe de Guinée.
Les États membres ont validé le déploiement initial d’une brigade de 1 650 soldats, socle d’une force qui comptera à terme 5 000 hommes. L’objectif : former un rempart régional contre le terrorisme transfrontalier. Ce déploiement progressif s’inscrit dans le Plan d’action 2020–2024, en cours de révision.
Le sommet a aussi salué l’achèvement du dépôt logistique militaire régional de Lungi, en Sierra Léone, qui servira de base d’appui aux futures opérations de la FAC. Le Nigéria s’est engagé à assurer le transport maritime et aérien de la force, confirmant ainsi son rôle moteur dans le dispositif.
En avril dernier, le Bénin a subi l’attaque la plus meurtrière de son histoire avec 54 soldats tués dans une opération revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Le Nigéria continue de faire face à Boko Haram et à l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), tandis que le Togo et d’autres pays du littoral deviennent de nouvelles cibles.
Dans ce climat de tension, le président Julius Maada Bio de Sierra Léone a pris la relève à la tête de l’organisation. La réussite de la Force en attente repose désormais sur la mobilisation rapide de fonds et la volonté politique des États membres.
Ce projet marque une nouvelle étape dans la volonté de l’Afrique de gérer elle-même ses crises sécuritaires, à l’heure où les partenariats internationaux évoluent, notamment dans le Sahel. La Cédéao entend démontrer qu’elle peut assurer sa propre sécurité collective, sans dépendre systématiquement d’interventions extérieures.