Le ministère public algérien a requis, mardi 24 juin, une peine de dix ans de réclusion contre l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, dont « atteinte à l’unité nationale », selon des sources relayées par la presse française. Arrêté en novembre dernier, Boualem Sansal avait été condamné en première instance à cinq ans de prison par le tribunal de Dar El Beïda, le 27 mars 2025. Malgré cette décision, le parquet avait déjà réclamé dix ans de détention lors de ce premier jugement et maintient cette peine en appel.
L’écrivain est visé par plusieurs accusations : atteinte à l’unité nationale, outrage à des institutions, atteinte potentielle à l’économie, et possession de contenus jugés menaçants pour la sécurité du pays. Durant la procédure, il a défendu son droit à la liberté d’expression, affirmant n’avoir eu aucune intention de nuire à l’Algérie. Devenu citoyen français en 2024, Sansal se retrouve au centre de tensions croissantes entre Paris et Alger. Le président Emmanuel Macron et plusieurs membres de son gouvernement ont appelé à sa libération, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression.
Les relations entre les deux pays se sont fortement dégradées, notamment après la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, provoquant le rappel de l’ambassadeur algérien et l’annulation d’une visite du président Abdelmadjid Tebboune prévue en septembre 2024.
La situation s’est envenimée avec les différends persistants sur la politique migratoire française, notamment les tentatives d’expulsion de ressortissants algériens, qui se heurtent à une fin de non-recevoir de la part d’Alger. Le président Tebboune a récemment dénoncé les « propos hostiles » en provenance de la classe politique française, qualifiant le dialogue avec son homologue Emmanuel Macron de « perte de temps », et avertissant sur le risque d’un divorce diplomatique irréversible.