Le Sénégal ambitionne de devenir un carrefour régional de la formation pétrolière avec l’INPG

L’Institut national du pétrole et du gaz (INPG) se positionne comme un pilier stratégique dans la construction d’une expertise nationale et continentale, capable de répondre aux enjeux de la transition énergétique et du contenu local. Sous la direction de Dr Fall Mbaye, en poste depuis juillet 2024, l’établissement veut faire du Sénégal un centre de référence en Afrique de l’Ouest pour les métiers du pétrole et du gaz.

Dans un entretien accordé à APA, Dr Mbaye a souligné l’ampleur des besoins du secteur. « Nous avons identifié 1 000 métiers dans les domaines du pétrole, du gaz et des mines. Chacun représente un potentiel de 20 000 emplois », a-t-il affirmé. L’objectif affiché est de former 15 000 techniciens qualifiés dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT), en s’inscrivant dans la dynamique du contenu local.

L’Institut attire déjà l’attention à l’échelle régionale. Une vingtaine d’étudiants tchadiens y sont actuellement formés dans le cadre d’un accord visant la préparation de 200 inspecteurs pour l’aval pétrolier. Le Niger et le Gabon ont également manifesté leur intérêt pour le modèle mis en œuvre à Dakar.

« Nos formations couvrent l’ensemble de la chaîne de l’aval pétrolier : raffinage, transport, stockage et distribution », explique Dr Mbaye. Il ambitionne de faire de l’INPG un centre d’excellence énergétique pour le continent.

Un centre BOSIET en construction

Parmi les projets en cours figure la création d’un centre de certification BOSIET à Diamniadio. Ce certificat, exigé pour travailler sur une plateforme offshore, représente un sésame incontournable pour les techniciens du secteur. « Les travaux démarrent dans deux semaines », a annoncé Dr Mbaye, précisant que le centre accueillera des professionnels venus de toute l’Afrique.

L’INPG veut également renforcer l’implication de compétences locales dans la formation. Alors que les experts de l’Institut français du pétrole (IFP) assuraient 85 % des cours de niveau master en 2024, cette part a été ramenée à 60 %. D’ici 2027, l’objectif est d’atteindre 80 % d’enseignants sénégalais, qu’ils soient basés au pays ou issus de la diaspora.

Des partenariats solides avec les acteurs du secteur

L’INPG a noué des relations étroites avec les grandes entreprises du secteur. En plus des partenariats avec les sociétés nationales Petrosen et la SAR, l’Institut collabore avec plusieurs multinationales telles que BP, Woodside, Kosmos et Modec, opérateur du FPSO de Sangomar. Dr Mbaye se félicite d’un contrat récemment signé avec Woodside, qui prévoit désormais la formation de ses techniciens directement à Dakar, alors que ces formations étaient auparavant assurées jusqu’en Angleterre ou en Australie.

Sur le plan du contenu local, l’INPG joue un rôle actif dans l’accompagnement des PME sénégalaises. Dans le cadre du projet gazier transfrontalier GTA entre le Sénégal et la Mauritanie, nombre de petites entreprises n’ont ni les compétences ni les ressources pour répondre aux appels d’offres. Pour combler ce manque, l’Institut a lancé un programme d’appui technique à destination des structures locales. Il vise à atteindre 50 % de contenu local dans les projets pétroliers et gaziers d’ici 2030.

Des résultats prometteurs pour l’industrie sénégalaise

Un an après le début de la production du champ pétrolier de Sangomar, les performances sont encourageantes. Selon le ministère de l’Énergie, le Sénégal a exporté 33 cargaisons totalisant près de 32 millions de barils. La production attendue pour 2025 est estimée à 30,53 millions de barils.

Les recettes générées suivent également une tendance haussière. Le rapport ITIE pour le premier semestre 2024 indique que les revenus des hydrocarbures ont atteint 45,79 milliards FCFA, soutenus notamment par des paiements exceptionnels de la société Woodside Energy. Ces ressources ont principalement alimenté le budget national, PETROSEN et les institutions régionales. Parallèlement, une production de gaz naturel dépassant 1,5 million de Nm³ a été enregistrée sur les sites de Gadiaga et Sadiaratou.

Avec ces avancées et l’ambition affichée par l’INPG, le Sénégal trace sa voie pour devenir un acteur incontournable de la formation énergétique en Afrique.

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