Réunis les 19 et 20 juin à Rabat, les participants à la 9e édition de la Conférence africaine sur la paix et la sécurité (APSACO) ont appelé à une refondation de l’approche sécuritaire du continent, fondée sur l’appropriation, la solidarité régionale et une vision stratégique à long terme. L’événement, qui a mobilisé des experts, responsables politiques et représentants d’institutions africaines, a mis en lumière l’urgence pour l’Afrique de reprendre la main sur sa sécurité dans un contexte mondial en recomposition. Selon les intervenants, les réponses aux crises africaines doivent désormais être conçues et mises en œuvre localement, avec une architecture plus cohérente et des moyens accrus.
Plusieurs voix ont souligné les limites des mécanismes actuels, notamment dans certaines régions comme l’Afrique de l’Ouest, confrontée à la montée de nouvelles alliances sécuritaires et à une réduction de l’engagement international. La conférence a ainsi souligné le besoin d’initiatives locales de prévention, d’une meilleure coordination entre l’Union africaine et les communautés économiques régionales, ainsi que d’un appui renforcé aux forces de défense nationales.
Au cœur des débats figurait également la question de la souveraineté narrative du continent. Le concept de « non-alignement actif » a été mis en avant comme un moyen pour les pays africains d’exister dans l’arène diplomatique mondiale sans renier leurs intérêts ni dépendre de puissances extérieures.
La conférence a par ailleurs attiré l’attention sur l’impact croissant des technologies numériques utilisées par des groupes armés non étatiques. Ces menaces modernes appellent une réponse tout aussi innovante, adaptée aux réalités africaines et fondée sur l’intelligence collective.
En clôture, les participants ont dressé un bilan lucide des faiblesses de l’architecture de paix africaine : financement insuffisant, chevauchement des mandats, fragilité des outils d’alerte précoce, et vulnérabilité face aux influences politiques. Malgré ces défis, APSACO 2025 a réaffirmé la volonté des acteurs africains de construire une sécurité fondée sur leurs ressources, leurs savoirs et leurs ambitions.