Dimanche, Emmanuel Macron s’est rendu à Nice pour accueillir les dirigeants mondiaux à l’approche d’un sommet de l’ONU consacré aux océans, où il souhaite impulser une dynamique forte contre l’« énorme erreur » que constitue le détournement du combat climatique par certains responsables, notamment Donald Trump. Le président français, accompagné de son épouse Brigitte, est arrivé dimanche au port de Nice, à la veille de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans qui s’y tiendra. Lors d’un forum de deux jours consacré à l’économie bleue, Emmanuel Macron a souligné l’urgence de l’action : « La science est claire, les faits sont là, nous avons le devoir de nous mobiliser. »
Il a insisté : « Nous sommes au pire moment ! » évoquant une série de crises liées à la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique. Face à ces enjeux, il a souligné que beaucoup, dont Donald Trump aux États-Unis, remettent en cause la priorité donnée au climat, préférant gérer crises par crises, ce qu’il qualifie « d’erreur monumentale ». Le chef de l’État a également mentionné le soutien massif des chercheurs du monde entier, plus de 2.000 experts ayant récemment formulé des recommandations, ainsi que celui des élus des villes côtières réunis sous l’égide de l’ONU. « La planète ne peut plus supporter des promesses non tenues », a averti le président brésilien Luiz Ignacio Lula da Silva, en amont de cette rencontre.
Dimanche après-midi, plusieurs dizaines de navires scientifiques et de prestige ont célébré la Journée mondiale des océans dans la baie des Anges, sous un vent fort et dans un ciel chargé de fumées provenant des incendies au Canada.
Avant d’ouvrir lundi matin la troisième Conférence mondiale de l’ONU sur les océans (UNOC3), en présence d’une soixantaine de chefs d’État et de gouvernement, Macron prévoit un dîner d’État au célèbre hôtel Le Negresco, sur la Promenade des Anglais. La sécurité de cet événement mobilisera jusqu’à 5 000 policiers, gendarmes et militaires.
Les enjeux de la protection des fonds marins
Comme lors des négociations climatiques, les États-Unis n’envoient qu’une délégation technique, avec un responsable de la Maison Blanche chargé de l’environnement. « C’est mieux que la chaise vide. Nous continuerons à avancer », a indiqué Emmanuel Macron. La maire démocrate de La Nouvelle-Orléans, LaToya Cantrell, a appelé à une action conjointe : « Nous exhortons nos dirigeants à investir avec nous sur les lignes de front. » Cependant, fin avril, Donald Trump avait suscité l’inquiétude en décidant unilatéralement d’ouvrir l’exploitation minière dans des eaux internationales du Pacifique.
Pour préserver les écosystèmes marins, un accent particulier sera mis sur la création et la gestion des aires marines protégées (AMP). Actuellement, ces zones représentent 8,4 % des surfaces marines, encore loin de l’objectif de 30 % d’ici 2030. Plusieurs pays devraient annoncer lundi une extension de leurs zones protégées.
Les discussions porteront aussi sur la régulation de l’exploitation minière des fonds marins, la lutte contre la pollution plastique, la surpêche et la pêche illégale. La France a revu ses ambitions à la baisse, ne parvenant pas à atteindre le seuil de 60 ratifications nécessaires pour la mise en œuvre du traité de la haute mer signé en 2023 ; un nouvel effort est attendu dans les prochains mois. Le sommet abordera également la nécessité d’un moratoire sur l’exploitation minière en fonds marins, soutenu par 33 pays, ainsi que la ratification d’accords pour lutter contre la pollution plastique et l’activité illégale dans les eaux internationales.
Bien que cet événement ne soit pas strictement une conférence de financement, le Costa Rica espère obtenir 100 milliards de dollars de nouveaux financements pour le développement durable de l’océan. La protection des océans, qui couvrent plus de 70 % de la surface terrestre, reste un objectif sous-financé dans le cadre des 17 Objectifs de développement durable de l’ONU.