Ahmadou Bakayoko, directeur général de la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (SODECI), a plaidé pour un renforcement stratégique du rôle du secteur privé dans la gestion de l’eau et de l’assainissement. Il est intervenu à ce sujet en marge des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), organisées à Abidjan du 26 au 30 mai 2025.
Selon lui, il est temps d’opérer une reconfiguration du modèle de coopération entre secteur public et opérateurs privés. « Le secteur privé doit devenir un catalyseur d’impact », a-t-il déclaré. Le groupe Eranove, dont il est aussi le directeur des Opérations, illustre cette dynamique. Grâce à son partenariat public-privé de longue date avec l’État ivoirien, plus de deux millions de foyers urbains ont désormais accès à l’eau potable.
Lancé dans cette perspective, le programme APTF à Abidjan a permis, par l’installation de 800 km de réseaux et une politique de subvention ciblée, de connecter un million de personnes issues de quartiers périurbains. En plus de satisfaire un besoin social majeur, le projet a assaini les circuits de distribution en récupérant les recettes autrefois captées par des réseaux informels. Il a également amélioré de 10 points le rendement technique du réseau.
À travers quatre axes stratégiques accès à l’eau, digitalisation, partenariat et formation le groupe Eranove décline sa vision sur le terrain. Au Sénégal et au Bénin, ses programmes Omilayé et SDER assurent aujourd’hui l’alimentation en eau de près de trois millions d’habitants dans les zones rurales grâce à des solutions décentralisées. À Abidjan, la digitalisation a permis de réduire les pertes d’eau et de faire passer les délais d’intervention de 138 heures en 2019 à seulement 9 heures en 2024, grâce à la télémétrie. En parallèle, 200 jeunes, dont 40 filles, ont été formés à la plomberie sanitaire au Centre des métiers de l’eau, renforçant ainsi les compétences locales.
Ahmadou Bakayoko appelle désormais à une alliance plus formelle entre le secteur privé et la Facilité africaine de l’eau (FAE) sur la période 2026-2030. Objectif : structurer des projets bancables, renforcer la confiance des investisseurs et maximiser les retombées sociales et économiques. « Le secteur privé est prêt. Il faut maintenant un cadre structuré, équitable et prévisible », a-t-il conclu, estimant qu’une coopération intelligente et équilibrée est indispensable pour construire l’Afrique de demain.