La France se prépare à frapper au portefeuille. Face à une montée des tensions avec Alger, les autorités françaises étudient une riposte inédite : le gel des avoirs d’une vingtaine de hauts responsables algériens ayant des intérêts financiers en France. Une mesure qui s’inspire des sanctions appliquées aux oligarques russes depuis la guerre en Ukraine. Les ministères de l’Économie et de l’Intérieur travaillent sur un dispositif de sanctions financières ciblées. Dans le viseur : des figures influentes du régime du président Abdelmadjid Tebboune, issues des cercles administratif, sécuritaire et politique. Ces personnalités, régulièrement présentes en France, détiendraient des biens immobiliers, des comptes bancaires ou d’autres actifs sur le territoire français.
Une liste de vingt noms a déjà été dressée, selon une source gouvernementale relayée par un hebdomadaire français. Ces dignitaires figureraient parmi les quelque 800 membres de la haute élite algérienne ayant des intérêts directs dans l’Hexagone. À la différence des sanctions décidées à l’échelle européenne, cette initiative s’appuierait sur une législation nationale. Elle permet le blocage des fonds et biens appartenant à des individus soupçonnés d’« actes d’ingérence » pour le compte d’une puissance étrangère. En pratique, les concernés pourraient se voir privés de l’accès à leurs propriétés et à leurs avoirs bancaires pour une durée initiale de six mois, renouvelable.
Cette escalade diplomatique survient dans un contexte de relations franco-algériennes déjà très dégradées. En mai, Alger a ordonné le départ immédiat de quinze agents français récemment affectés au traitement des demandes de visa. En guise de réplique, Paris a exigé le retour de tous les diplomates algériens présents sur le sol français sans visa valide. D’autres dossiers enveniment les rapports entre les deux capitales : la détention controversée de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ou encore le refus d’Alger de rapatrier certains de ses ressortissants en situation irrégulière. C’est notamment le cas du principal suspect d’un attentat meurtrier perpétré le 22 février à Mulhouse.
À Paris, certains responsables estiment qu’il est temps de répondre fermement à ce qu’ils considèrent comme des provocations répétées. Le gel des avoirs de dignitaires algériens constituerait un signal politique fort, doublé d’un levier de pression économique.