L’ex-président congolais Joseph Kabila a provoqué un tollé politique en se rendant à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, dimanche 25 mai. L’ancien gouverneur de la province et actuel ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a jugé cette présence « grave », dénonçant un geste lourd de symboles dans une ville contrôlée par la rébellion M23/AFC.
Julien Paluku, qui fut un proche de Kabila pendant son long règne, voit dans ce déplacement une forme de trahison. Il rappelle que plusieurs des officiers actuellement actifs dans la rébellion avaient été radiés des forces armées par Kabila lui-même. « Il se retrouve entre les mains des officiers qu’il a exclus. Il va porter tous les déboires et ça, c’est grave : les massacres de Kishishe, de Bunagana, de Ntamugenga… », a-t-il déclaré.
Paluku n’a pas exclu un lien direct entre l’ancien président et les rebelles, évoquant une « connivence » avec le M23, ce qui, selon lui, va à l’encontre des années de lutte contre les groupes armés que Kabila a menées durant son mandat. Il appelle désormais à une mobilisation populaire pour faire face à ce qu’il considère comme une menace directe à l’unité nationale.
Ce déplacement de Kabila intervient alors que la justice militaire a obtenu la levée de son immunité parlementaire. Il pourrait être poursuivi pour trahison, participation à un mouvement insurrectionnel et crimes de guerre, des accusations passibles de lourdes peines, voire de la peine de mort.
Son retour à Goma, six ans après avoir cédé le pouvoir à Félix Tshisekedi, réactive les divisions et aggrave les tensions dans l’Est de la RDC, déjà ravagé par des conflits armés et des crises humanitaires à répétition.